Pierre Havaux

« Le casting complet des gouverneurs de province flamands se mariera avantageusement au coloris de la majorité gouvernementale »

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Tous sur le pont, même les gouverneurs sont sous les projecteurs (les Anversois le découvrent). Le gouvernement flamand a bien choisi son moment pour lancer trois nouveaux visages dans la dure lutte contre un Covid-19 en regain de forme.

La ligne de défense provinciale en sera profondément remaniée à dater du 1er septembre, lorsque Carina Van Cauter, Jos Lantmeeters et Jan Spooren hériteront des gouvernorats respectifs de Flandre-Orientale, du Limbourg et du Brabant flamand. Le trio était assurément tout désigné pour monter au front : détenteur d’un mandat de député et, surtout, de la bonne carte du parti, le bleu de l’Open VLD pour Carina Van Cauter, le jaune et noir pour les N-VA Jos Lantmeeters et Jan Spooren. Le casting complet des cinq gouverneurs de province flamands – deux N-VA, deux CD&V, une Open VLD – se mariera avantageusement au coloris de la majorité gouvernementale N-VA – CD&V – Open VLD qui a avalisé le train de nominations lors de son conseil des ministres du 17 juillet, juste avant de fermer boutique pour cause de pause estivale.

Il a évidemment fallu que l’opposition SP.A – Groen – Vlaams Belang y trouve à redire. Qu’elle somme le ministre régional de l’Administration intérieure, Bart Somers (Open VLD), de justifier depuis son lieu de villégiature la jolie volte-face que voilà. A savoir : l’abandon pur et simple d’une procédure de sélection objective déjà en cours au profit de la pratique ancestrale du partage politique de gâteau. Avec cette saveur particulière que la distribution des parts comble deux partis partisans déclarés de la suppression des provinces. Mention toute spéciale à la N-VA, fort bien servie pour une formation qui juge l’institution provinciale, ce vestige de la Belgique de papa et ce nid à  » recasage  » politique, obsolète, contraire à la goed bestuur et bonne pour la casse.

 » Oui, il s’agit de nominations politiques « , a confirmé Steven Vandeput, député régional N-VA, au milieu de l’agitation parlementaire. Et alors ?  » C’est tout de même la base du fonctionnement de notre démocratie.  » Inutile d’invoquer  » un jour noir pour l’image de la politique  » puisque le revirement dans la méthode est assumé, revendiqué et justifié. Comme l’a souligné Bart Somers, il faut savoir vivre avec son temps : le gouverneur de province doit être bien plus que ce fidèle et un peu rigide serviteur de l’Etat fédéral, il devient une précieuse courroie de transmission entre pouvoir régional et échelon communal. Ce qui exige pas mal de feeling politique et la souplesse qui va avec, si l’on veut pouvoir travailler en confiance. Des qualités que, véritable aubaine, réunissent les CV des lauréat.e.s. parcourus à haute voix par le ministre à l’intention des élus sceptiques.

C’est que le gouvernement flamand veut pouvoir compter sur des gouverneurs à la hauteur en ces temps agités. A telle enseigne que Bart Somers, pas plus tard que le 7 juillet, admettait, face aux députés, qu’il  » n’est ni simple ni évident de changer de capitaine au milieu d’une tempête. Vu l’expertise nécessaire dans une crise comme celle du coronavirus, on ne peut désigner quelqu’un à un nouveau poste, sans raison, comme ça « . Dix jours après cet appel à ne pas se précipiter, le 17 juillet, le corona était toujours bien là, trois capitaines changeront donc au milieu de la tempête et pour des raisons soudainement réunies : banalement partisanes.

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