Antoine Humblet (au centre), premier président de la SRIW, lors d'une visite d'entreprise, en 1979. © Centre d'archives du CPCP

Le 24 octobre 1979, la SRIW se donne une direction

Composé de cinq hommes, voilà le comité de direction de la Société régionale d’investissement de Wallonie sur les rails.

Il y a là le polytechnicien Jean de Barsy, l’ingénieur civil Jacques Baiverlin, le juriste Paul Denis, l’économiste Philippe Wilmès – père d’une future Première ministre. Et puis, il y a Antoine Humblet. Ancien ministre, cet industriel devient le premier président de la Société régionale d’investissement de Wallonie. S’il a accepté le poste, « ce n’est certes pas pour me mettre à l’abri, mais pour faire quelque chose ayant un impact concret sur le redéploiement industriel ». La mission de ces cinq hommes: faire de la SRIW la banque en même temps que le centre d’orientation des investissements publics du sud du pays. De quoi rendre à la Wallonie sa prospérité d’antan?

On l’oublie parfois, mais c’est la Wallonie qui réclama surtout la régionalisation du pays. La Flandre, elle, était obsédée par la création de Communautés. Elle voulait pouvoir élaborer ses propres politiques en matière d’emploi des langues et de culture – et prendre ainsi sa revanche sur cet Etat francophone qui, trop longtemps, l’avait niée. En matière économique, en revanche, c’est la Wallonie qui se rêvait autonome.

En 1970, lorsque la première réforme de l’Etat est signée, c’est plutôt la Flandre qui jubile. Car si des Communautés culturelles voient le jour, les Régions, elles, ne sont conçues que sur papier. Dans les années qui suivent, des petits pas sont toutefois posés. En 1971, un Conseil économique régional de Wallonie apparaît. Deux ans plus tard, les Wallons se dotent d’une société de développement régional. Et en 1974, un exécutif wallon se réunit pour la première fois – bien qu’il ne soit composé que de ministres nationaux. Jean Gol, secrétaire d’Etat à l’Economie régionale, est l’un des hommes qui comptent. Et il ne manque pas d’ambition: « Toute parcelle de liberté d’action nouvelle que la Wallonie obtient ou arrache sur le plan économique la rend plus apte à affronter son destin », soutient le libéral. Qui entend résolument redresser l’économie d’une région victime alors de la terrible crise sidérurgique.

Une revendication demeure en suspens. Particulièrement portée par les milieux syndicaux, elle vise la création d’une société régionale d’investissement – à l’instar de la Société nationale d’investissement. En 1978, enfin, une loi permet la création de sociétés régionales. Les Wallons en profitent. Dès le 22 octobre 1979, représentant l’actionnariat 100% public, les ministres wallons signent l’acte constitutif de la SRIW. Deux jours plus tard, un arrêté royal le dote d’un comité de direction. En mars 1980, les dix-sept employés se mettent au travail.

Mais les débuts sont compliqués. Les milliards originellement promis par l’exécutif tardent à arriver dans les caisses de la SRIW. La vision nouvelle tant espérée ne se vérifie pas. Trop souvent, l’outil se contente d’offrir des chèques aux entreprises en difficulté. Il faudra du temps pour que le « pari sur l’avenir », tant espéré par le ministre-président Jean-Maurice Dehousse, finisse par porter des fruits.

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