Jan Jambon, ministre N-VA de l'Intérieur, et Koen Geens, ministre CD&V de la Justice. © Belga

Le 23 mars, Koen Geens cherchait à joindre les patrons de la police… en réunion avec Bart De Wever

Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) était mardi après-midi auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars. Il est revenu sur sa journée du lendemain, pendant laquelle, à la fin de l’après-midi, il a vainement tenté de joindre les principaux patrons de la police.

En cette fin de journée du 23 mars, les patrons de la police étaient, comme l’ont révélé nos confrères de Paris Match, en réunion au cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon. Interrogé d’abord par Laurette Onkelinx (PS), puis plus précisément par Georges Dallemagne (CDH), Koen Geens a expliqué avoir cherché à entrer en contact avec les hauts responsables policiers alors que le président turc Erdogan mettait en cause les services belges dans le cadre de l’expulsion d’Ibrahim El Bakraoui, un des kamikazes du 22 mars à Zaventem.

« Mon cabinet et moi n’avons pu les joindre qu’en cours de soirée, plus tard, et nous n’avons obtenu les informations que nous cherchions que via leurs services. J’ai passé beaucoup de temps à tenter d’apaiser la presse, qui cherchait elle aussi des précisions. Vers 23h10, trois personnes de la Police sont venues à mon cabinet. Mais à ce moment, j’ai dû me rendre au Lambermont, où le Premier ministre me convoquait pour m’annoncer l’intention de Jan Jambon de présenter sa démission », s’est rappelé Koen Geens. « J’ai compris plus tard que le top de la police était occupé à autre chose », avait-il dit plus tôt dans l’après-midi.

Cette autre chose, c’était cette réunion au cabinet de Jan Jambon, réunissant, outre le ministre de l’Intérieur, la commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, le directeur de la coopération judiciaire internationale, Peter De Buysscher, le directeur général de la police judiciaire (DGJ), Claude Fontaine, le responsable de la lutte antiterroriste au sein de la direction générale de la police judiciaire, et, donc, Bart De Wever, président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers, dont la présence a successivement été expliquée par le hasard, puisqu’il aurait assisté à une réunion des ministres de son parti dans les mêmes lieux, et puis par la nécessité d’examiner l’éventualité d’une démission de Jan Jambon.

« Aucune information qui réclamait une habilitation de sécurité »

La présence du président de la N-VA lors d’une réunion à laquelle participaient des dirigeants de la police fédérale constitue une exception unique, a affirmé ce lundi le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, devant la commission d’enquête parlementaire.

Ce jour-là, vers 18h30, a lieu la réunion hebdomadaire des ministres N-VA en présence de M. De Wever comme c’est parfois le cas. Les participants apprennent les déclarations du président Erodgan mettant en cause la Belgique. Différents contacts sont pris et la commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, est priée de rejoindre le cabinet de l’Intérieur. La réunion se déroule entre 21h et 21h30. Mme De Bolle a emmené d’autres personnes: le directeur de la police judiciaire, celui de la DJSOC et le responsable de la section terrorisme de la DJSOC ainsi que son adjointe, et responsable de la coopération internationale. M. Jambon assiste à la réunion en compagnie de M. De Wever, seul représentant de la N-VA.

Le seul objet de la réunion est de vérifier la ligne du temps qui va de l’arrestation d’Ibrahim El Bakraoui, un des terroristes du 22 mars, à son renvoi vers les Pays Bas sans être intercepté. « Aucune information n’a été échangée qui réclamait une habilitation de sécurité », a affirmé M. Jambon, visiblement affecté par la polémique.

Pourquoi M. De Wever était-il présent? Instruit par cette ligne du temps, M. Jambon décide de démissionner. « Le vice-premier ministre avait décidé de présenter sa démission. Un président de parti veut alors savoir si les informations présentées sont vérifiées », a-t-il expliqué.

« C’est la seule fois que Bart De Wever a assisté à une réunion entre moi et des représentants de la police », a-t-il ajouté.

Sur le fond, le ministre de l’Intérieur a réitéré ses reproches à l’encontre de l’officier de liaison à Istanbul, qu’il accuse d’avoir manqué du « sens des responsabilités », de « proactivité » et d' »implication », suscitant une nouvelle fois les critiques de l’opposition.

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