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La tentation écologiste se précise pour le PS et la N-VA, mais le chemin reste périlleux (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Une longue réunion a eu lieu avec les missionnaires royaux. La piste verte plus avancée que la bleue. Mais il reste de sérieux obstacles.

Les missionnaires royaux, Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS), ont revu ce mercredi les écologistes dans le cadre de leurs consultations pour former un gouvernement fédéral majoritaire. La discussion a été « très approfondie » sur les questions climatiques et environnementales. Il est prévu de se revoir. Sans qu’aucun engagement ne soit pris à ce stade quant à une éventuelle participation d’Ecolo-Groen à une majorité avec la N-VA, le PS, le SP.A, le CD&V et le CDH (baptisé « le Club des cinq »).

Le duo de « préformateurs » semble donc approfondir la piste écologiste dans un premier temps. Les libéraux restent, pour l’instant, sur le banc de touche. Une réunion très rapide, de moins d’une heure, a eu lieu vendredi dernier avec les président Georges-Louis Bouchez (MR) et Egbert Lachaert (Open VLD), mais il a été reporté que le ton en était « glacial ». Bart De Wever avait affirmé voici dix jours que « plus personne ne veut du MR » et, depuis, la tension est palpable entre nationalistes flamands et libéraux.

La piste écologiste arrangerait particulièrement le PS: la présence des verts donnerait une tonalité plus progressiste à l’attelage fédéral et l’association d’Ecolo éviterait une attaque en règle de la « trahision » socialiste: tant Ecolo que le PS avaient affirmé durant la campagne électorale, bien avant que le coronvirus ne plonge le pays dans la crise, qu’ils ne négocieraient jamais avec la N-VA.

Il se murmure aussi que le ras-le-bol à l’égard du MR permettrait, ce faisant, aux socialistes d’écarter aussi les libéraux en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles au profit du CDH.

Rien n’est fait, pour autant, très loin de là.

Les écologistes essaient pour l’heure de convaincre N-VA et PS que la filière verte est vitale dans la stratégie de relance socio-économique. Ce peut-être « la première entreprise du pays », dixit Jean-Marc Nollet (Ecolo). La note de départ des missionnaires royaux pourrait être amendée en ce sens.

Mais il reste à côté de cela tout le volet « institutionnel » qui cabre fortement dans les rangs francophones. Après leur première rencontre, les écologistes avaient affirmé que ce qui se trouve sur la table s’apparente à « l’antichambre du confédéralisme ». Le texte prévoit en effet une forme de cogestion avec les Régions de matières aussi cruciales que les soins de santé, la jutice ou l’intérieur en plus de mesures linguistiques, notamment. Pour DéFi, il s’agit d’un « catalogue d’horreurs », tandis que les libéraux disent aussi tout le mal qu’ils en pensent. Thierry Bodson (FGTB) affirmait ce matin à L’Avenir: « la sécu doit rester fédérale, nous sommes contre toute réforme institutionnelle ». Un signal.

La participation d’Ecolo à une coalition avec la N-VA passerait aussi difficilement parmi ses militants. Or, la tradition de consultation de la base est sacrée chez les verts – bien que Jean-Marc Nollet ait déjà démontré sa capacité à faire avaler des décisions difficiles. Précision importante: selon des membres éminents du parti, la discussion actuelle serait hors mandat s’il est se transforme en négociation en bonne et due forme. A l’issue de leur première rencontre, les coprésidents d’Ecolo avaient aussi rappelé qu’ils n’avaient « pas changé d’avis au sujet de la N-VA ».

Malmenés par la N-VA, il se pourrait en outre que les libéraux misent désormais sur un échec du duo De Wever – Magnette pour relancer une initiative sans les nationalistes flamands. Les présidents Bouchez (MR) et Lachaert (Open VLD) ne cessent de rappeler qu’ils sont « unis comme jamais » Ils réclament aussi que le duo De Wever – Magnette fasse un choix clair et cesse de mettre bleus et verts en concurrence. Le carrousel tourne et le jeu de poker continue.

La piste écologiste sera-t-elle la bonne pour le duo avant de retourner au palais royal, lundi prochain? On n’est pas (encore) là.

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