Guido Fonteyn

La nouvelle Flandre, la nouvelle Wallonie…

La Flandre peine à entretenir de (bons) rapports avec sa capitale, Bruxelles. Encore que Bruxelles ne soit pas la capitale de la Région flamande, mais seulement de la Communauté flamande. La Flandre ayant fusionné la Région et la Communauté, la distinction a perdu beaucoup de son poids, mais elle n’en existe pas moins.

La Flandre éprouve à l’égard de la capitale de sa Communauté des sentiments d’amour-haine, plus souvent de haine que d’amour, mais cela s’explique parfaitement d’un point de vue historique. « Bruxelles » symbolise la Belgique d’antan, francophone : le centre du pouvoir qui opprimait la Flandre. Ce « Bruxelles »-là hante encore certains flamingants plus âgés, voire plus jeunes, dont Bart De Wever, président de la N-VA.

Mais tout cela est de l’histoire ancienne. Les relations difficiles entre la Flandre et Bruxelles ne peuvent être réduites au seul passé. Elles sont tributaires aussi de l’affirmation d’une identité, cet exercice laborieux qui a fait trébucher la France et qui fera aussi trébucher la Wallonie. Bruxelles ne cadre pas dans l’identité flamande qui reste fondée sur l’unité de la langue. In Vlaanderen Vlaams , un point c’est tout.

Tout ceci a été très bien illustré par les problèmes rencontrés lors de l’inscription, dans les écoles flamandes, d’enfants de tous âges. Leur nombre croît sans cesse, parce que de plus en plus de parents non néerlandophones envoient ou souhaitent envoyer leurs rejetons dans une école flamande.

Le phénomène s’est d’abord manifesté à Bruxelles. Mais il a fallu que la pression monte dans les écoles d’Anvers et de Gand pour que le ministre compétent, le Bruxellois Pascal Smet (SP.A), s’éveille à la réalité. Celui-ci semble avoir mal digéré sa défenestration du gouvernement bruxellois par Guy Vanhengel (Open VLD) et a subitement préféré la « qualité » de l’enseignement flamand à Bruxelles à la « quantité », en s’opposant à la construction de nouvelles écoles.

Mais il apparaît maintenant que presque tous les nouveaux candidats à l’inscription à Anvers et à Gand présentent le même profil que ceux de Bruxelles. Il s’agit principalement d’enfants issus de la deuxième et, peu à peu, de la troisième génération d’allochtones.

Des esprits bornés redoutent dès lors que l’ « identité flamande » ne soit menacée, tant à Anvers qu’à Gand et à Bruxelles, et qu’à partir de ces villes une « tache d’huile » ne vienne souiller une Flandre demeurée champêtre et pure. Ils se trompent. Ce qui est en train d’émerger des villes préfigure la nouvelle Flandre, la nouvelle Wallonie, la nouvelle France, la nouvelle Europe. Voilà pourquoi tant de Flamands se sentent tellement à l’aise à Bruxelles.

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