Jean-Marc Nollet. © Belga

La machine Nollet, en reconstruction

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Violemment critiqué à l’intérieur d’Ecolo, décrédibilisé à l’extérieur, l’ancien ministre la joue profil bas, mais travaille dur. Car le chemin est encore long jusqu’à la rédemption. Et il passera, peut-être, par un déménagement à Charleroi.

Affaibli par la Berezina qu’a subie son parti en mai 2014, l’ex-numéro deux du gouvernement wallon a choisi de se relancer en faisant ce qu’il a toujours fait : travailler avec rage. Alors qu’Ecolo est dans un état de léthargie, huit mois après les élections, alors que les militants le considèrent comme responsable de la défaite, alors que d’autres que lui seraient restés groggys, Jean-Marc Nollet est aussitôt reparti baïonnette au canon. Dès novembre, il a présenté un tableau budgétaire alternatif, ligne par ligne, sur cinq ans. Une manière pour lui d’imposer une crédibilité dans son nouveau rôle d’opposant au gouvernement Michel, tout en damant le pion au Parti socialiste et à son armée d’experts. « Cela en a étonné plus d’un, confie Christophe Derenne, directeur politique d’Ecolo. Il a passé tout l’été à préparer une foule de projets. Pour pouvoir survivre, je pense. Il y a chez lui un besoin presque compulsif de bosser comme un dingue. C’est lié à son asthme… Il m’a un jour confié qu’il avait peur de mourir jeune. Il vit chaque jour comme étant le dernier. »

Le chemin reste long, toutefois, jusqu’à la rédemption. Jean-Marc Nollet sort de ses cinq années à la Région avec un crédit largement entamé. Et un volumineux boulet : le fiasco du photovoltaïque, source d’un vif ressentiment à son égard. Certains y voient la principale cause de la débâcle écologiste. Exagéré ? Toujours est-il que le dossier a éclipsé le restant de son action au gouvernement. En 2004, déjà, à l’issue de son mandat comme ministre de l’Enfance en Communauté française, son bilan avait été balayé tout entier par la polémique sur l’interdiction des devoirs à domicile. Comment ce diplômé en sciences politiques, aussi florentin que Machiavel, a-t-il pu de nouveau se laisser piéger ? Il était déjà trop tard quand il s’est attaqué à la bulle des certificats verts, un problème négligé par le précédent ministre wallon de l’Energie, André Antoine (CDH). Nollet a alors abattu une carte audacieuse : coupler ce dossier à un autre, la tarification progressive de l’électricité, avec une proposition choc, offrir aux Wallons 500 kWh gratuits. Ce qui aurait pu être un coup de génie se révélera catastrophique. Non seulement, l’idée donnera de Nollet l’image d’un ministre irresponsable, cible facile pour ses adversaires, mais en outre, elle le fragilisera à l’intérieur d’Ecolo. Plusieurs dirigeants du parti, à commencer par Emily Hoyos et Marcel Cheron, jusque-là ses deux plus solides soutiens, lui en voudront pour ce cavalier seul dévastateur.

A présent, la tempête est passée. Jean-Marc Nollet est resté. Il se reconstruit. Député fédéral, il concentre ses efforts sur le dossier de l’énergie, précisément celui par lequel il a chuté. Un coup de poker, à nouveau. Au lieu de se replier sur les questions de fiscalité ou de justice, il attaque bille en tête Electrabel, dénonçant des « macro-fissures » dans les centrales nucléaires. Plusieurs cadres d’Ecolo l’ont alerté sur les risques de confusion. Est-il le mieux placé pour donner des leçons de bonne gouvernance énergétique ? Lui juge au contraire que c’est à partir de ce tremplin-là qu’il effacera son ardoise et reconquerra sa puissance passée.

Le dossier dans Le Vif/L’Express. Avec notamment :

– A l’intérieur de sa formation, il suit une toute autre partition.

– Objectif Charleroi

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