Des migrants à Calais surveillés par la police des frontières. © REUTERS

« La lutte contre le trafic d’êtres humains ne semble pas être une priorité »

Dans la pratique, la lutte contre le trafic d’êtres humains reste lettre morte en Belgique, ressort-il des chiffres exigés par la députée Carina Van Cauter (Open Vld). L’an passé, environ 45.000 personnes ont reçu un ordre de quitter le territoire, mais ces ordres sont rarement accompagnés de poursuites pénales.

En 2017, les parquets ont ouvert 1.173 dossiers au sujet d’aide à la migration illégale et 467 dossiers pour trafic d’êtres humains.

L’ouverture d’un dossier ne signifie pas pour autant qu’il y ait des poursuites. Sur les 1.173 affaires d’aide à la migration illégale, 46% des dossiers ont été classés sans suite, il en a été de même pour quatre dossiers sur dix s’agissant de trafic d’êtres humains.

Ces classements sans suite sont motivés par le fait que la justice avait d’autres priorités dans 82% des dossiers fermés pour aide à la migration illégale et 38% dans le cas de trafic d’êtres humains.

« La justice fait de son mieux dans de nombreuses provinces. C’est donc tirer des conclusions hâtives », a réagi mardi sur Twitter le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Theo Francken (N-VA).

Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) a également répondu aux critiques. « Des poursuites ne sont pas systématiquement engagées même s’il s’agit d’une priorité », a-t-il déclaré dans l’émission ‘De Ochtend’ sur la VRT. M. Geens a par ailleurs précisé que tant le nombre de cas de traite d’êtres humains que celui des poursuites sont en augmentation. Selon lui, seulement 15% des cas sont classés sans suite pour se consacrer à d’autres priorités.

Pour Theo Francken, le fait que l’Open Vld utilise ces chiffres pour souligner l’importance d’une approche internationale et du pacte mondial pour les migrations « va trop loin ». « L’Open Vld est favorable au pacte de l’Onu sur les migrations car ‘il s’agit de la première collaboration à l’échelle internationale pour lutter contre le trafic d’êtres humains’. Quelle absurdité. L’ONU et d’autres organisations internationales ont déjà adopté de nombreux traités et conventions en matière de lutte contre la traite des êtres humains », a-t-il encore écrit sur le réseau social.

Son collègue Koen Geens ne partage pas cet avis. D’après lui, des textes internationaux tels que le pacte pour la migration peuvent « aider à collaborer davantage ». Le chrétien-démocrate flamand spécifie toutefois que le trafic d’être humains concerne souvent « des cas relativement peu importants ». « Parfois, il s’agit de bandes organisées, mais dans la plupart des cas, le trafic est le fait d’individus isolés ou de petits groupes ».

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