Jan Peumans © Belga

Jan Peumans, le flamand qui échauffe la diplomatie espagnole

Le Vif

L’élan de sympathie en Flandre pour la lutte des indépendantistes catalans a son héraut, Jan Peumans, le nationaliste flamand qui préside le parlement régional, « félicité » par son parti pour avoir vertement critiqué l’Espagne cet automne, au point de provoquer un incident diplomatique.

A la tête du parlement flamand depuis 2009, Jan Peumans, tempes et barbichette blanchies par le temps, est une figure peu connue de la politique belge. A 67 ans, son CV affiche une longue carrière d’élu local du Limbourg (nord-est) arrivé tardivement aux responsabilités à Bruxelles.

Il doit son heure de gloire au témoignage de solidarité adressé en septembre à Carme Forcadell, ex-présidente du parlement catalan qui compte parmi les leaders indépendantistes emprisonnés après la tentative de sécession ratée d’octobre 2017.

Jan Peumans voit en elle « un symbole » de la répression anti-indépendantiste.

Dans une courte lettre qu’il lui a fait remettre en prison figure cette remarque: « le gouvernement central en Espagne est incapable de remplir les conditions pour faire partie d’une Union européenne démocratique et moderne ».

Un mois plus tard, il assure ne rien retirer à son propos, alors que les protestations du gouvernement espagnol se sont traduites par le retrait du statut diplomatique du représentant de la Flandre à Madrid.

Un geste « grave, très inamical », a fustigé le patron de l’exécutif flamand Geert Bourgeois, mais qui n’a pas entraîné de protestations officielles du gouvernement fédéral.

Interrogé le 17 octobre au lendemain de l’incident diplomatique, le Premier ministre belge, le libéral francophone Charles Michel, a mis en avant l' »autonomie » dont disposent les régions belges dans leurs relations internationales.

« C’est la responsabilité, d’abord, de la Flandre de gérer sa relation avec l’Espagne et c’est la responsabilité de l’Espagne (…) de définir de quelle manière elle organise ses relations diplomatiques, y compris avec les entités fédérées », a-t-il prudemment déclaré.

Une manière de ménager Madrid alors qu’il y a un an, l’exil belge de Carles Puigdemont, président déchu de la Catalogne visé par un mandat d’arrêt (retiré depuis), avait mis Charles Michel dans l’embarras.

– « Très bien dit Jan ! »-

Jan Peumans regrette cette attitude timorée du gouvernement belge.

« C’est dommage, ils ont peur peut-être, mais je ne sais pas de quoi ou de qui. Du commerce? », lance-t-il lors d’un entretien avec l’AFP.

Le dirigeant flamand voit pourtant mal la grande Espagne décider de représailles si la petite Belgique venait à élever la voix.

Ancien bourgmestre de Riemst, commune de 17.000 habitants limitrophe des Pays-Bas dont il est toujours élu, Jan Peumans s’amuse aujourd’hui de sa notoriété toute neuve.

Assis à son bureau il raconte qu’il est désormais l’invité des plateaux télé en Belgique, même côté francophone, pour répéter ses critiques contre Madrid.

Et il exhibe en souriant un dessin tout juste paru dans un journal catalan, dont il est le personnage central, à côté d’un Charles Michel mal à l’aise face au chef de la diplomatie espagnole Josep Borrell.

Son franc-parler lui vaut la considération des siens. « Mon président m’a présenté des félicitations, m’a dit +très bien dit Jan! », affirme-t-il en allusion à Bart De Wever, puissant patron de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), le parti nationaliste flamand pilier du gouvernement belge.

Chez les nationalistes, Jan Peumans fait figure de « flamingant » historique, issu des rangs de la Volksunie (Union populaire, en français), un parti créé en 1954, réputé autant pacifiste que régionaliste et désormais fondu dans la N-VA.

Lui-même dit être encore meurtri par les accusations de « collabos » qui ont visé sa famille, longtemps après l’exécution au lendemain de la guerre d’un de ses oncles qui militait à la VNV, le parti flamand allié à l’occupant allemand en 1939-45.

Il est toujours persuadé que les auteurs de cette exécution sommaire n’étaient « pas de vrais résistants, mais des bandits, des crapules ».

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