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Insuffisants les 100 millions d’euros de refinancement de l’enseignement supérieur

Le président de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), Philippe Maystadt, a jugé mardi insuffisants les quelque 100 millions d’euros supplémentaires prévus par la majorité PS-cdH au cours de cette législature pour refinancer l’enseignement supérieur.

« Il faut certainement plus que les 100 millions prévus d’ici la fin de cette législature », a commenté mardi l’ancien ministre PSC lors d’un échange de vues avec les députés en commission du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Il en faudra plus au cours de la prochaine législature », a-t-il ajouté.

Selon M. Maystadt, la Fédération Wallonie-Bruxelles est aujourd’hui la seule autorité au sein de l’Union européenne à financer davantage un élève du secondaire qu’un étudiant du supérieur. « Cela devrait nous faire réfléchir… », a pointé M. Maystadt.

Selon lui, un financement plus conséquent de l’enseignement supérieur -toutes filières confondues- en Fédération est d’autant nécessaire que le taux d’accès des jeunes à l’enseignement supérieur y stagne, alors qu’il continue à progresser dans les autres pays de l’OCDE, en particulier en Asie, a-t-il encore plaidé.

Vu les difficultés financières de la Communauté française, l’enseignement supérieur est soumis depuis deux décennies au principe de l’enveloppe fermée, qui a eu pour conséquence une baisse sensible du taux de financement par étudiant, le nombre de jeunes inscrits ayant fortement augmenté durant cette même période.

Face à cette situation, et pour répondre aux cris de détresse lancés par les établissements supérieurs, la nouvelle majorité en Fédération s’est engagée à refinancer l’enseignement supérieur à hauteur de 107,5 millions d’euros d’ici la fin de la législature, prévue en 2019.

Les dix premiers millions de ce refinancement seront alloués au cours de l’année 2016, le reste devant être dispersé sur les années suivantes.

Interrogé mardi devant cette même commission, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, a reconnu que ces dix premiers millions d’euros de refinancement pour l’enseignement supérieur constituaient une somme « très nettement insuffisante au regard des besoins des institutions ».

« Mais dans le contexte budgétaire encore très difficile que connaît la Fédération Wallonie-Bruxelles, et compte tenu des contraintes strictes de retour à l’équilibre (budgétaire), ce montant doit néanmoins être considéré comme un geste fort du gouvernement à l’égard de l’enseignement supérieur », a-t-il défendu.

Le ministre a encore indiqué qu’il déposerait prochainement au gouvernement son avant-projet de décret visant à revoir le mode de financement des établissements supérieurs, un autre grand chantier prévu pour cette législature.

Les recteurs des universités ont déjà formulé des propositions. Les Hautes écoles sont occupées à formuler les leurs avec l’appui du cabinet de M. Marcourt.

« Ce projet de décret sera présenté au Parlement courant 2016 », a promis mardi le ministre.

Ce texte précisera les modalités selon lesquelles le refinancement est réparti entre les institutions, mais aussi les modifications des mécanismes de financement.

L’objectif du ministre est toutefois qu’aucun établissement ne reçoive un financement moindre demain au regard de ce qu’il perçoit actuellement, a-t-il promis.

Vu cet imposant travail de réflexion et de concertation, M. Marcourt a précisé mardi qu’il ne serait pas possible de sortir dès 2016 du système décrié de l’enveloppe fermée. « Le montant du refinancement, même s’il est conséquent, ne le permet tout simplement pas », a-t-il justifié.

M. Marcourt compte toutefois toujours en finir à terme avec le régime de l’enveloppe fermée, car « il induit une diminution du financement par étudiant et génère une concurrence nuisible entre les institutions dans la course à l’étudiant ».

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