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Grève de la faim au Béguinage: les sans-papiers se sont enfermés dans l’église, refusant toute aide

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

La grève de la faim des quelque 200 sans-papiers qui ont investi l’église du Béguinage à Bruxelles se durcit. Ils se sont enfermés dans l’église, refusant toute aide extérieure.

Les 200 grévistes de la faim en attente de régularisation qui ont investi l’église du Béguinage à Bruxelles refusent toute aide médicale, alors que leur état de santé après 46 jours de grève se détériore et inquiète les personnes qui leur viennent en aide au quotidien depuis le début de leur action. Les grévistes avaient prévenu qu’ils étaient prêts à aller jusqu’au bout de leur action.

Victoria Cornut, référente socio-médicale pour Médecins du Monde à l’église du Beguinage, déclare au site de la RTBF: « Il y a des tentatives de suicides, des pensées suicidaires, des discours très sombres.« 

« On arrive à des situations extrêmes« , s’inquiète aussi Muriel Gonçalves sur le site de TV5Monde. La chargée de communication à Médecins du Monde Belgique évoque l’urgence de la situation: « C’est épouvantable de voir quelqu’un se détruire la santé comme ça. » Elle fait aussi état de personnes ayant avalé des lames de rasoir et d’autres s’étant cousu la bouche. Plus le temps avance, plus la santé des sans-papiers se fragilise. « On craint le moment où il va y avoir un décès, poursuit-elle. C’est presque miraculeux qu’il n’y en ait pas eu à ce stade.« 

Grève de la faim au Béguinage: les sans-papiers se sont enfermés dans l'église, refusant toute aide
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Ces sans-papiers sont partis en grève le 23 mai dernier pour demander une régularisation de leur situation alors que certains sont depuis plus de 20 ans en Belgique et y travaillent. Ils protestent contre le refus du Premier ministre de les recevoir, les renvoyant vers le secrétaire d’État à l’Asile, Sammy Mahdi.

Le gouvernement ne veut pas faire d’exceptions

La situation de blocage est réelle. Le Premier ministre Alexander De Croo en appelle à la « cessation de cette action ». Pour lui, la « seule manière, c’est en travaillant dossier par dossier ». Pas question non plus de faire des exceptions pour le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi. « Les procédures doivent être les mêmes pour les uns et pour les autres », explique-t-il.

Le secrétaire d’État a rappelé la semaine passée sa position depuis le début de cette grève: il n’y aura pas de régularisation pour circonstances exceptionnelles fondée sur l’article de 9bis de la loi sur les étrangers un « nouveau canal de migration ». « Cela ne me semble pas être une solution », a-t-il ajouté. Il n’est donc pas question de mener des campagnes de régularisation comme en 2000 et 2009, ni même de trouver une solution ad hoc pour les grévistes de la faim. « Il faut trouver une solution structurelle », a souligné M. Mahdi.

Une piste envisagée serait celle de la pandémie qui pourrait constituer une « circonstance exceptionnelle » en vue d’une régularisation, mais les déclarations du secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi ne vont pas dans ce sens.

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