© Belga

Georges Dallemagne : les libéraux flamands ont offert une écrasante victoire à la N-VA

Georges Dallemagne, député fédéral CDH revient sur l’écrasante victoire de la N-VA

Le score du CDH, tel qu’établi à 21h30, vous satisfait-il ?

Nous misions sur un résultat compris entre 8 et 12 sièges à la Chambre et nous devrions en avoir 10. On gagne un peu là, on perd un peu ici, mais globalement, on est le 3ème parti francophone. On se stabilise. Il faudra bien sûr analyser la situation en détail demain. Le recul du MR était attendu, le succès du PS aussi. La grande surprise, côté francophone, vient d’Ecolo, qui affiche un moins bon résultat qu’en 2007. Mais c’est surtout au Nord du pays que l’on assiste à un véritable tremblement de terre politique. Voir la famille sociale-chrétienne flamande réduite à ça et le score de la NVA, c’est une nouvelle donne dont il faudra tenir compte au coeur de l’Europe. Que la NVA décroche 31 des 88 sièges flamands au Parlement, c’est énorme.

Vous ne vous y attendiez pas ?

Pas à ce point-là. On pensait qu’il y avait peut-être un peu de bluff dans les intentions de vote communiquées aux instituts de sondage et qu’il y aurait peut-être un ressac le jour du vote, mais il n’a pas eu lieu.

Comment analysez-vous cette percée de la NVA?

C’est la réplique de ce qui se passe ailleurs en Europe, entre autres aux Pays-Bas. Dans plusieurs pays, on assiste à une nette progression des populistes et des nationalistes. De la même manière que l’écologie incarnait la nouvelle utopie politique il y a dix ans, ce profil constitue la nouvelle utopie politique du moment. Cela mérite une réflexion profonde sur le décalage qui existe entre les décideurs politiques et la population. Il règne actuellement en Europe un climat particulier, irrationnel, de peur par rapport à l’avenir, et de repli identitaire.

Je considère par ailleurs que les libéraux flamands ont offert cette écrasante victoire à la NVA sur un plateau d’argent. Nous avons certes tous notre responsabilité dans l’évolution du pays. Mais ce qui s’est passé lors du coup de force du VLD, c’est une instrumentalisation du réflexe identitaire. Et là, clairement, les Flamands n’ont pas cru à l’image identitaire du VLD, qu’il s’est donnée mais qu’il n’a jamais eue. En votant pour la NVA, les Flamands ont préféré l’original à la copie.

Ne pensez-vous pas qu’à l’épreuve du pouvoir, la NVA pourrait rapidement perdre de sa superbe?

Il est clair qu’à présent, Bart De Wever va devoir prouver qu’il est capable de régler les problèmes de ce pays et de mettre en place des réformes qui auront l’aval des partis représentés des deux côtés de la frontière linguistique. C’est une gageure, connaissant la NVA. Je m’attends à ce que la NVA ait la main, à présent, pendant une assez longue phase. Le parti nationaliste devra faire en sorte de ne pas décevoir ses électeurs, tout en obtenant certaines avancées devant le Parlement fédéral. Ca me paraît très improbable mais on ne peut pas exclure que cela marche. Et si ça ne marche pas, on sera bien forcés de refaire le point et de conclure que la NVA n’est peut-être pas le bon parti pour faire avancer les choses dans ce pays.

Si la NVA invite le CDH à la table des négociations, quelle sera votre attitude par rapport à ses revendications en termes communautaires ?

La NVA n’arrête pas d’appeler de ses voeux un Etat plus efficace. Je suis d’accord pour aborder la discussion sur la base de ce critère-là. Mais alors, il lui faudra bien reconnaître que la sécurité sociale est plus efficace si elle reste fédérale… Maintenant, nous sommes prêts aussi à discuter sur la régionalisation de certaines matières, comme le code de la route, ou certains pans de la justice, comme le réclame.

Comment vont évoluer les coalitions en Wallonie et à Bruxelles ?

On devrait poursuivre sur la lancée, a priori.

L.V.R.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire