© Getty Images

Fracture numérique et linguistique : un nouveau test pour les demandeurs d’emploi bruxellois

Stagiaire Le Vif

Tester systématiquement les compétences des demandeurs d’emploi pour contrer la fracture numérique et la barrière linguistique. C’est l’objectif que s’est fixé la Région bruxelloise dans le cadre du Plan de relance européen. Grâce à cette enveloppe, la Région espère améliorer l’accès au marché de l’emploi pour les publics fragilisés.

Le 30 avril dernier, la Belgique déposait la version définitive de son Plan national pour la reprise et la résilience à la Commission européenne : 395 millions d’euros déboursés pour Bruxelles-Capitale, dont 22% dédiés à l’emploi et la formation. Le ministre régional de l’Emploi Bernard Clerfayt (DéFI) espère ainsi mettre en place un focus bruxellois sur l’identification et le développement des compétences numériques et linguistiques des demandeurs d’emplois (DEI). Pour cela, un bilan de compétences sera mis en place grâce à des tests afin de classer les DEI selon un référentiel commun. Une fois celui-ci établi, chaque demandeur pourra entamer une formation.

Adapter les formations aux profils

Des tests d’identification de ce type existent déjà en Région bruxelloise. L’ambition du plan est de les rendre « systématiques, dès l’inscription chez Actiris », explique Olivia P’tito, directrice générale de Bruxelles Formation. Avec cette enveloppe consacrée à l’emploi et la formation, Actiris et Bruxelles Formation espèrent que la Région bruxelloise développera un système « proactif ». Et cela semble être sur la bonne voie, « il y a déjà des projets en cours et ce budget va nous aider à poursuivre sur cette lancée », se réjouit Romain Adam, porte-parole d’Actiris.

Ce nouveau module de test objectivera les compétences pour pouvoir conseiller aux DEI les formations les plus adaptées à leur profil et les orienter vers les métiers les plus pertinents. Le « bilan des acquis » proposé par le plan cible les chercheurs d’emploi les plus vulnérables, à savoir les jeunes (14-24 ans), les personnes peu qualifiées et les ressortissants hors Union Européenne. Leur taux de chomage est 2.5 fois supérieur à la moyenne bruxelloise. « Le besoin est gigantesque » affirme Olivia P’tito.

Combler un retard numérique et linguistique

À Bruxelles-Capitale, 17,5% de la population ne parle ni le français ni le néerlandais. « Ce qui constitue un handicap sur le marché de l’emploi » regrette Romain Adam. Le développement des compétences linguistiques est donc un des défis principaux d’Actiris et de la Région bruxelloise. La région étant une capitale bilingue, la majeure partie des postes de travail proposés et des démarches administratives nécessitent de parler au moins l’une des deux langues officielles principales, le français et le néerlandais. « Globalement, le taux de sortie vers l’emploi passe de 34,0 % à 46,0 % pour les demandeurs d’emploi ayant une connaissance de la deuxième langue nationale » précise le plan.

Il en vaut de même pour le numérique. Le Plan national pour la reprise et la résilience expose qu’une partie importante des chercheurs d’emplois est concernée par la fracture numérique. L’utilisation des outils numériques étant devenue centrale, de nombreux recruteurs requièrent la maîtrise du numérique. Le porte-parole constate qu’ « énormément de personnes ne savent pas se créer une adresse mail, un élément de base dans la recherche d’emploi et dans un job en général ». À Saint-Josse, 16,1% des usagers d’Actiris ne possèdent pas d’adresse mail. Ils sont 15,4% à Molenbeek et 14,9% à Schaerbeek.

Le numérique : un secteur qui recrute

En plus d’être un poids quotidien, cette fracture numérique constitue une barrière face à un secteur du numérique qui recrute. Pendant la crise, les offres d’emploi du secteur ont continué à se multiplier. Malheureusement, le passage en mode virtuel des démarches administratives a entraîné une diminution des inscriptions des habitants des quartiers populaires de Bruxelles comme demandeurs d’emploi. Romain Adam insiste, la formation à ces compétences est une nécessité.

u003cemu003eIl y a un lien à faire entre la formation des gens dans le numérique et le nombre significatif d’offres d’emploi dans le secteur numérique u003c/emu003e

Le plan national pour la reprise et la résilience a été rendu vendredi dernier. L’Europe doit encore donner son accord sur les mesures proposées par le plan de relance déposé vendredi dernier. Tant que la Commission n’aura pas validé ce texte, les fameux tests proposés par le Bernard Clerfayt resteront un objectif. Le cabinet du ministre espère un lancement pour la fin de l’année 2021.

Anaëlle Lucina

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire