Près de 3.000 ménages bruxellois ont des enfants scolarisés à la fois en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Flandre. Ils reprendront le chemin de l’école à une semaine d’intervalle en raison des rythmes scolaires différents.
Driiiiing. Dans cette famille bruxelloise, les réveils n’ont pas sonné à la même heure lundi matin. Alors qu’à 7h10, le benjamin sortait péniblement du lit, sa grande sœur profitait d’une nouvelle grasse matinée dans la chambre voisine. Scolarisée dans un établissement en Flandre, sa rentrée des classes est décalée et elle ne reprendra le chemin de l’école que le 1er septembre, soit une semaine après son petit frère inscrit dans une école francophone.
Une réalité vécue par des milliers de familles bruxelloises depuis septembre 2022 et l’entrée en vigueur des nouveaux rythmes scolaires en FWB. Cette réforme, qui vise à mieux prendre en compte les besoins psychophysiologiques et les cycles biologiques des élèves, a instauré deux semaines de vacances toutes les six à huit semaines de cours. Une décision saluée unanimement côté francophone, mais que n’a pas suivie la Flandre. Résultat: les congés communs aux deux communautés du pays restent plutôt rares.
Pour l’année scolaire 2025-2026, les agendas permettent de faire coïncider une semaine de congé à la Toussaint et au Carnaval, en plus des vacances de Noël. Mais pour l’année 2026-2027, l’équation sera plus difficile à résoudre. Les fêtes religieuses tombant particulièrement mal, aucune semaine commune à la Flandre et à la FWB ne pourra être garantie durant le second semestre.
Rentrée scolaire décalée avec la Flandre: 96% des ménages épargnés
Une difficulté organisationnelle avec laquelle doivent composer environ 3.000 ménages bruxellois, selon les données communiquées lundi par l’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA). Ainsi, d’après les calculs de l’Institut, 2,5% des familles de la capitale avec enfants (de 3 à 17 ans) avaient leurs enfants inscrits tant dans l’enseignement francophone que néerlandophone en 2021, soit 2.897 foyers.
La proportion de familles concernées par ce décalage de rentrée avec la Flandre reste minime par rapport aux plus de 124.000 ménages bruxellois qui scolarisent leurs enfants dans un seul système d’enseignement, soit plus de 96%. A noter que 1.286 familles (soit 1%) optent pour un enseignement en FWB et un autre système (école à domicile, privée ou internationale), contre 0,5% (660 ménages) qui ont choisi la combinaison «enseignement flamand + autre système».
Le décalage des rythmes scolaires ne concerne pas que les foyers bruxellois. En Wallonie aussi, certaines familles ont décidé de scolariser un (ou plusieurs) enfant(s) en immersion dans le système flamand. Il n’existe toutefois aucune statistique sur l’étendue de la problématique.
Pour pallier ce différentiel, plusieurs pistes existent. La FWB pourrait modifier légèrement son calendrier lors des années compliquées pour garantir au moins une semaine de congé commune avec la Flandre. Une option privilégiée par la ministre Valérie Glatigny (MR) mais qui, selon l’opposition, reviendrait à «casser» l’essence même de la réforme, à savoir le rythme «7-2-7-2» bénéfique aux apprentissages.
Autre piste: que la Flandre emboîte le pas à la FWB. Une question loin d’être à l’agenda politique, la N-VA rejetant en bloc la réforme. «J’espère qu’un grand psychopédagogue flamand pourra convaincre un jour mes collègues du nord de suivre le modèle francophone», confiait toutefois la ministre Glatigny dans une interview accordée à La Libre. En attendant un hypothétique miracle, la libérale dit poursuivre «ses contacts réguliers avec les autres communautés».