Calendrier scolaire: après le fondamental et le secondaire, une réforme se précise pour le supérieur

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Le calendrier scolaire du supérieur sera-t-il bientôt adapté? Une réflexion est en cours sur le sujet.

On en a beaucoup parlé début septembre : la réforme du calendrier scolaire. Début de l’année scolaire fin août pour les maternelles, les primaires et les secondaires. S’en suivent des périodes de huit semaines de cours, entrecoupées de deux semaines de repos.

Et si une telle réforme des rythmes scolaires avait également lieu dans le supérieur ? Une réflexion entre université et hautes écoles est en cours sur le sujet. Avec pour but de mieux organiser les cours, les examens et les périodes de repos. Selon le Conseil des recteurs francophones, « les objectifs de la réforme en chantier sont d’abord pédagogiques. Il s’agit, en particulier, de sortir du paradoxe actuel où les semaines de cours sont trop souvent vues comme des périodes de semi‐fête et les périodes de congé, consacrées à un travail en principe intensif. Un alignement au moins partiel entre congés de l’obligatoire et (vrais) congés de l’universitaire serait aussi un soulagement pour tous ceux dont la vie touche à ces deux domaines d’enseignement. » Comprenez : avancer la rentrée à la fin du mois d’août (comme pour l’obligatoire), libérer les congés d’hiver et rapprocher la troisième session de celle du mois de juin. « On peut imaginer que les sessions aient lieu avant les vacances d’été pour qu’elles soient pleinement des vacances », avait avancé Vincent Blondel, recteur de l’UCLouvain.

Nicolas Marquis est professeur de sociologie et de méthodologie à l’université Saint-Louis. Selon lui, un changement des rythmes scolaires permettrait d’aller plus loin dans la réforme du décret paysage mise en place en début d’année en apportant un meilleur cadre aux étudiants, qui ont parfois du mal à fixer les frontières (de l’échec, de la réussite, de l’année…). « En mettant en place une première année réussie à 60 crédits et une année académique qui se terminerait plus tôt, on réintroduit deux frontières pour les étudiants qui sont peut-être moins affiliés à la méthode universitaire. Les blocs annuels sont plus clairs. Cela permet d’éviter à bon nombre d’entre-eux de rentrer dans une temporalité à flux tendu où « on verra ». Le moment de l’évaluation est plus rare, plus formel et donc plus efficace. Les étudiants ont besoin qu’on leur dise relativement formellement ce qui est attendu d’eux et à quel moment de l’année. Soit ce sont des vacances, soit ce sont des blocus, il faut que les messages soient plus clairs. » Autre point positif d’une réforme : laisser le temps de la réflexion aux étudiants. « Les étudiants qui ont une seconde session ont très peu de temps pour réfléchir à leur projet d’étude entre le moment où les résultats de leur session d’août tombent et le moment de réinscription. On a remarqué qu’à l’entame de leurs études, les étudiants ont une grande certitude d’avoir fait le bon choix. Cette certitude s’effiloche assez rapidement une fois qu’ils sont confrontés aux cours et à la première session d’examen. »

Pieter Lagrou, un professeur d’histoire contemporaine à l’ULB a poussé l’analyse encore plus loin, l’an dernier, en lançant un test grandeur nature. Professeur en première année, il a avancé, avec l’accord de ses étudiants, la session de rattrapage de mai à la fin janvier. Résultat: le taux de réussite a atteint presque 70% contre 40% pour janvier et mai dans les années pré-covid. Un résultat dû, selon lui, à un rapprochement des deux sessions. A nos confrères du Soir, il explique : « Avec deux sessions rapprochées, à la deuxième tentative, la matière est encore présente à l’esprit alors que si elle arrive six ou huit mois plus tard, tout est à reprendre de zéro et c’est autant de temps qui ne peut être investi pour les autres examens. »

Pour la rentrée 2023 ?

La ministre en charge de l’Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny (MR), insiste également sur le besoin de vraies périodes de repos, pour les étudiants mais aussi pour que les professeurs puissent se consacrer à la recherche. « L’idée c’est de repenser le calendrier pour permettre qu’il y ait une véritable respiration pendant les vacances de Noël et en été », explique-t-elle. Interrogée par nos confères de La Première la semaine dernière, la ministre veut cependant être prudente quant à une date. « Il semble qu’un consensus se dessine mais je suis prudente. Pour l’enseignement obligatoire, cela a pris trente ans pour revoir les rythmes. »

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