Frais scolaires qualifiant
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Jusqu’à 1.000 euros par an: les frais scolaires dans le qualifiant sont les plus élevés

Les frais scolaires des enfants de l’enseignement qualifiant sont les plus élevés, selon la Ligue des familles. En plus des frais scolaires classiques, les parents doivent acheter de l’outillage qui peut se révéler onéreux, des consommables, et parfois même payer pour des frais collectifs pourtant illégaux.

En moyenne, les parents d’élèves inscrits dans l’enseignement qualifiant (technique et professionnel) doivent débourser plus de 400 euros en début d’année, rien que pour l’outillage et l’équipement de protection, ressort-il d’une étude de la Ligue des familles publiée lundi. Ces filières sont les plus onéreuses alors qu’elles concentrent le plus d’élèves issus de milieu à revenus modestes.

« La moitié des élèves du qualifiant doivent ainsi payer des frais d’outillage et des équipements de protection: des parents nous parlent d’un casque de soudure électrique coûtant 90 euros, de chaussures de sécurité avec bout en métal à 100 euros », explique Merlin Gevers, chargé d’études à la Ligue des familles. « Ce sont aussi des couteaux de cuisine et tenues de salle en hôtellerie, des ciseaux à bois ou des embouts de visseuses en construction, un sèche-cheveux, un lisseur ou des brosses en coiffure… Cela chiffre très vite. » Certains de ces équipements doivent être renouvelés chaque année, notamment quand l’ado grandit.

Des frais tout au long de l’année, dont certains illégaux

À ces frais d’outillage s’ajoutent, au minimum, 300 euros pour les frais scolaires « classiques » tels que l’achat de matériel scolaire standard. La Ligue des familles estime qu’ils peuvent même atteindre 700 euros s’il est nécessaire de racheter du matériel plus onéreux comme un cartable et un ordinateur. L’enveloppe globale dépasse donc, dans ce cas de figure, les 1.000 euros.

Une famille sur cinq doit en outre payer du matériel informatique spécifique à l’option, notamment en infographie. Sans compter le prix d’un ordinateur, les programmes tels que la suite Abobe Creative Cloud Pro sont très onéreux (236 euros par an la première année, 426,84 euros par an les suivantes).

« Bien que ces frais soient très élevés, ce relevé n’est pas exhaustif », souligne Merlin Gevers. « Durant l’année, d’autres coûts s’ajoutent chaque mois, comme les frais de consommables (NDLR: matériel utilisé selon les sections). Il faut aussi y ajouter les frais relatifs aux sorties scolaires spécifiques à l’option, qui sont importants pour la formation des élèves. En moyenne, ces sorties coûtent 135 euros par an, pour chaque enfant de la famille. Les frais de déplacement vers l’école sont par ailleurs plus élevés que pour le secondaire ordinaire, car il faut parfois aller loin pour trouver l’option adéquate. »

Bien que ce soit plus rare et illégal, un peu moins d’une famille sur dix doit aussi participer au coût du matériel collectif, par exemple pour une machine restant à l’école.

Pas de liste de frais scolaires disponible

Souvent, avant que leur enfant entame ces études, les parents concernés ne savent pas qu’ils vont devoir débourser de telles sommes. Près de la moitié des familles (46%) ne reçoit pas, à la rentrée, d’estimation des frais scolaires à payer pendant l’année. Les écoles sont pourtant légalement tenues de fournir ce document. « Lorsqu’ils reçoivent ces estimations, il n’est pas rare qu’elles soient parcellaires et que certains frais (de consommables, de logiciels informatiques spécifiques, parfois d’outillage complémentaire) ne soient pas mentionnés », ajoute la Ligue.

Une situation d’autant plus compliquée que de nombreux élèves du qualifiant sont issus de milieux modestes. Parmi les 30% des élèves de 16 ans les plus précaires, ils sont 1 sur 2 à être en technique ou professionnelle.

Pour une gratuite des fournitures scolaires étendue

La Ligue des familles déplore que la gratuité des fournitures scolaires ne s’étende pas au-delà de la 3e primaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Cela n’a aucun sens de s’arrêter au milieu des primaires: ni pour les familles, ni pour les écoles, qui doivent gérer deux systèmes différents. Il faut d’urgence, dès la prochaine rentrée, octroyer les fournitures scolaires dès la 4e primaire et accélérer la marche vers la gratuité pour couvrir le plus vite possible également l’enseignement secondaire », plaide Madeleine Guyot, directrice générale à la Ligue des familles.

L’organisme déplore en outre que la ministre de l’Enseignement Valérie Glatigny ait suspendu, à la rentrée dernière, l’inspection des frais scolaires, chargée de vérifier l’application des règles et d’accompagner les écoles, alors même que cette inspection avait relevé de nombreux problèmes dans l’application de la législation.

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