Yves Desmet

Drôle de campagne

La campagne électorale qui s’achève n’a rien de réjouissant.

Par YVES DESMET, éditorialiste au Morgen

Dans le nord du pays, on n’a cessé de faire de la surenchère autour de la notion « confédéralisme » dont nul ne sait au juste de quoi il retourne, mais dont tout un chacun attend que ce système politique apporte résolument le salut tant espéré. Que, depuis la nuit des temps, aucun Etat ne s’est construit sur le modèle du confédéralisme est un « détail » qui n’émeut guère de monde.

Au Sud, la campagne fut entièrement dominée par la lutte contre le croquemitaine nommé Bart De Wever. Les francophones semblent oublier qu’ils ont contribuéà créer ce phénomène, en imposant tous azimuts l’immobilité totale dans tout ce qui concernait de près ou de loin les dossiers communautaires.

Mais ce qui est encore plus alarmant, c’est la constatation que les grands partis qui ont charpenté jusqu’ici l’Etat belge s’enferment dans un mutisme obstiné quant à la première mission dont devra s’acquitter le prochain gouvernement, quel qu’il soit : la réduction du déficit des finances publiques de 5 %, ce qui correspond à la coquette somme de 4 000 euros par Belge. Où va-t-on trouver cet argent ? Se résoudra-t-on à faire des économies ou ira-t-on à la recherche de nouvelles recettes ? Les plus fortunés consentiront-ils les plus gros efforts ?

Les programmes des partis politiques, dans lesquels les seuls chiffres sont les numéros de pages, se font fort discrets sur ces questions primordiales. Et tout cela dans un contexte international où les termes « économies » et « résorption des déficits des Etats » sont devenus les maîtres mots.

Le 13 juin pourrait pourtant nous offrir une chance historique unique : pour la première fois depuis la décennie passée qui a vu se succéder quantité d’élections, une ère de huit années, coupée par un seul scrutin, s’ouvre devant nous. Une période bénie pour concevoir une politique à long terme et la mettre en £uvre tout en gardant courageusement le cap.

Or le suffrage du 13 juin semble n’être qu’un « accident de parcours », qui débouchera sur la continuation de tous les malheurs qui ont frappé le royaume au cours de ces dernières années, alors que les rapports de force politiques sortiront encore plus inextricables des urnes.

Pour la première fois, les trois grandes familles politiques traditionnelles réunies n’obtiendront pas 50 % des voix en Flandre. Une situation de déjà-vu se profile à l’horizon : rappelons-nous les quatre désastreuses années durant lesquelles Flamands et francophones se sont chamaillés à propos de la question fouronnaise, alors qu’entre-temps un énorme gouffre budgétaire se creusait.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire