Le centre Fedasil à Jodoigne, la photo date de 2015. © Belga

Deux ans de prison pour avoir écrasé et tué un migrant: le jugement qui laisse perplexe

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

En 2019, à Jodoigne, un demandeur d’asile avait été mortellement heurté à vélo. L’auteur s’en était vanté. Sa condamnation à une peine « légère » est épinglée par le secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi.

Certains récits font froid dans le dos. Et ne suscitent pas toujours l’indignation médiatique auquel ils devraient avoir droit.

Le 31 mars 2019, à Jodoigne, dans le Brabant wallon, un demandeur d’asile circule à vélo non loin du centre Fedasil, situé en bordure d’une chaussée fort fréquentée. Soudain, un chauffard circulant à vive allure – entre 110 et 125 km/h, alors que la limitation est à 70 km/h – le heurte. Pire, il l’écrase et continue sa route sans le moindre signe de freinage, sur plusieurs dizaines de mètres. Le demandeur d’asile meurt sous le choc.

Riad, 39 ans, venait d’Algérie

Riad, 39 ans, venait d’Algérie. « La visibilité était bonne, la voie est en ligne droite, et le trentenaire roulait sur le côté, équipé de son gilet fluo, soulignait Le Soir en présentant les faits. Sur la carcasse de son vélo, après l’accident d’une violence inouïe qui lui a arraché la vie, le phare était encore allumé. »

Le caractère ignoble des faits ne s’arrête pas là. De retour chez lui, à Orp-Jauche, le conducteur échange, sur le moment même et le lendemain matin, des messages d’un racisme sidérant avec sa compagne dans lesquels il se vantait et ironisait, espérant seulement avoir tué un Arabe, et pas un Belge: « j’espère vraiment que c’est un Arabe parce que je m’en voudrais toute ma vie ».

Le procès vient de se terminer devant le tribunal de police de Wavre. Le verdict laisse sans voix: deux ans de prison, une déchéance du permis de conduire de la même durée et une somme de 30000 euros à verser à la victime.

Le tribunal a condamné l’auteur des faits sous le motif d’un homicide involontaire. il ne tient en aucun cas le caractère discriminatoire et ne retient pas la préméditation car les messages ont été envoyés après les faits. Les arguments de l’auteur ont également joué: il était distrait en raison… de son gsm au volant et il pensait… avoir fauché un animal.

« L’espoir d’un autre monde »

Il est certes de coutume de ne pas commenter une décision de justice. Le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Sammy Mahdi (CD&V), relaie toutefois l’article de L’Avenir relevant les faits, ce jeudi. « Ecraser un migrant et en être fier, s’indigne-t-il. En espérant que viennent rapidement des temps meilleurs. »

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