En 2000, le Premier ministre Guy Verhofstadt et le président Kagame déposant une gerbe au mémorial de Kigali © FJDO

Des Rwandais dénoncent « l’apartheid de la mémoire »

Excédés d’être taxés de  » descendants de génocidaires  » et de  » négationnistes  » via les réseaux sociaux, cinq parties ont déposé plainte le 24 janvier auprès du tribunal de 1ere instance à Bruxelles, avec constitution de parties civiles.

Les plaignants sont notamment des membres de l’asbl belge Jambo, dans le collimateur des autorités de Kigali depuis plusieurs années, mais aussi le journaliste « Afrique » de la VRT Peter Verlinden, connu pour être un critique virulent du régime depuis 1994.

« C’est gravissime d’être traité de négationniste. Or, nous ne nions pas le génocide des Tutsis, mais nous affirmons l’existence d’un second génocide, contre les Hutus. Ce n’est pas parce qu’il n’est actuellement pas reconnu qu’il n’existe pas », explique Gustave Mbonyumutwa, membre de Jambo, qui s’était présenté en tant que chef de file DéFI pour les élections communales à Saint-Georges-Sur-Meuse, mais qui en a été évincé, suite à des pressions diverses.

Les plaignants ne parlent toutefois pas de « double génocide », à connotation révisionniste : « Les deux génocides n’étaient pas simultanés. Celui contre les Hutus a été perpétré de fin 1996 à fin 1997, notamment au Congo, et c’est documenté, y compris dans des rapports de l’ONU qui restent dans des tiroirs. Aujourd’hui le fait est là : on accuse de négationnisme même ceux qui évoquent des crimes de guerre perpétrés par le FPR (Front patriotique rwandais, actuellement au pouvoir). Nous sommes face à un apartheid de la mémoire. »

Les infractions visées sont calomnie et diffamation, harcèlement et injure, incitation à la haine et à la discrimination, trafic d’influence. La plainte est déposée contre X mais une liste d’individus a été fournie sur base de tweets, posts Facebook et publications dans des blogs par des Belges, des Rwandais et des Rwando-Belges. On y retrouve notamment un député bruxellois et un ancien ambassadeur rwandais.

Les plaignants sont représentés par les avocats Virginie Taelman et Julien Hardy.

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