Des jeunes faucons pèlerins volés dans leur réserve naturelle

Le Vif

Trois jeunes faucons pèlerins ont été volés sur leur aire de nidification en réserve naturelle, à Yvoir, en province de Namur. Un « acte inqualifiable d’un autre âge » qui pourrait être lié au trafic d’oiseaux de proie, selon l’association de défense de l’environnement Natagora, qui dénonce ce vol mardi. Une enquête est en cours.

Les faits se sont déroulés dans la Réserve naturelle domaniale de Champalle située en bordure de Meuse, à Yvoir, près de Dinant. « Il s’agit d’une grande falaise de plus d’un kilomètre de long qui convient particulièrement bien à l’espèce et qui constitue son site de nidification naturel. Le site est bien connu pour abriter un couple nicheur de faucons pèlerins depuis 2013 », rapporte Natagora. Le site est suivi de manière régulière par les ornithologues d’Aves, le pôle ornithologique de Natagora.

Début mai, des riverains ont remarqué une personne suspecte descendant la falaise en rappel alors que l’escalade y est interdite. Ils ont reporté les faits aux autorités et une enquête a été ouverte par le parquet de Dinant, poursuit l’association.
Par la suite, dans le cadre d’un programme scientifique, les ornithologues de l’Institut royal des Sciences naturelles sont descendus eux-mêmes dans l’aire de nidification et ont constaté la disparition de jeunes fauconneaux, nés quelques semaines auparavant.

Les scientifiques ont alors prélevé du matériel génétique, en l’occurrence des plumes, afin de pouvoir tracer les fauconneaux et d’aider à confondre l’auteur du vol.

Ce genre de fait n’est pas rare puisque, quasiment chaque année en Belgique, on constate que des oiseaux ou des oeufs disparaissent des nids de faucons pèlerins.

Selon Pierre Mossoux, ornithologue amateur membre de Natagora, l’auteur d’un tel vol pourrait vouloir revendre l’oiseau à l’étranger, notamment en Arabie saoudite ou au Pakistan, où le faucon pèlerin, oiseau le plus rapide au monde, est recherché pour la chasse. En fonction du spécimen, un faucon pèlerin pourrait ainsi valoir 2, 3 ou 4.000 euros. « Cela peut aussi venir d’un fauconnier qui élève ses propres oiseaux et a besoin d’un spécimen sauvage pour changer la consanguinité ».

Le faucon pèlerin (falco peregrinus) avait cessé de se reproduire en Belgique au début des années 70. « À l’époque déjà, des collectionneurs tentaient encore de voler les oeufs ou les fauconneaux des derniers couples nicheurs. Les aires de nidification étaient alors surveillées nuit et jour par des ornithologues bénévoles », rappelle Natagora.

Après l’interdiction des pesticides DDT, le premier retour de ces oiseaux de proie a été observé en 1994 à Tihange. Actuellement, au moins 130 couples nichent en Belgique dont une soixantaine en Wallonie et une dizaine à Bruxelles, où l’un des couples a élu domicile au sommet de la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Le vol de poussins faucons à Yvoir « prélève illégalement 2% des nichées annuelles de cette espèce en Wallonie », s’indigne encore Natagora.

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