Parmi les avions présents lors de l'exercice, des bombardiers stratégiques B-52 Stratofortress américains.

La Belgique au cœur d’un exercice nucléaire de l’Otan : « Ne pas le faire aurait été un très mauvais signal »

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Le club des aviateurs de l’Otan chargés d’une mission nucléaire entame ce lundi, au départ de la base aérienne de Kleine-Brogel, un exercice « de dissuasion » de routine. Voici ce qu’il implique.

Nom de code: Steadfast Noon. L’exercice est bien réel et se fait chez nous, en Belgique, au départ de la base aérienne de Kleine-Brogel dans le Limbourg. Il rassemble, pour deux semaines, le club des aviateurs nucléaires de l’Otan qui ont pour mission d’entraîner leurs capacités de dissuasion nucléaire. Une soixantaine d’avions de différents types sont impliqués dont des avions de combat de quatrième et cinquième génération, ainsi que des avions de surveillance et des ravitailleurs en vol. L’exercice a lieu chaque année. « L’exercice, complexe, demande une grande coordination entre les differents pilotes des pays membres de l’Otan », analyse une source bien informée. « Le but est de voir si les vecteurs des armements nucléaires fonctionnement correctement mais aussi tester la logistique, le ravitaillement, la communication en l’air, avec le sol… »

Notre pays sera particulièrement impliqué. « Des vols d’entraînement auront lieu au-dessus de la Belgique ainsi qu’au-dessus de la mer du Nord et du Royaume-Uni. Aucune arme réelle ne sera utilisée », a ajouté l’Otan. Aucun appareil ne s’approchera à moins de 1.000 km du territoire russe. L’entrainement a lieu en Belgique, parce que nous faisons partie de la tournante. Le choix de la Belgique est prévu de longue date et n’est pas lié au contexte même si la Belgique a, depuis toujours, joué un rôle important dans l’Otan au niveau diplomatique. »

Guerre de communication

L’exercice est présenté par l’Otan comme une « activité d’entraînement de routine et récurrente » et n’est lié « à aucun événement mondial actuel ». « Les termes sont mineutieusement choisis. L’Otan a fortement insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un exercice de routine pour ne pas que cela puisse être interprété comme une agression », explique Estelle Hoorickx, docteure en histoire contemporaine et chercheuse à l’Institut royal supérieur de défense (IRSD). Même si la communication de l’Otan reste calme, les menaces de Moscou sont prises très au sérieux par les membres de l’Alliance atlantique. « Si la Russie utilise une arme nucléaire, quelle qu’elle soit, contre l’Ukraine, cela aura de graves conséquences », a encore souligné le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg la semaine dernière.

« Le contexte rend l’exercice et la communication autour de celui-ci d’autant plus important. Ne pas le faire aurait été un très mauvais signal. Le but est de montrer qu’on sait utiliser nos armes et réagir à une agression quelle qu’elle soit tout en restant flou sur les détails d’une réaction éventuelle. Si on avait annulé l’exercice, cela aurait pu être perçu comme de la peur des menaces russes. Le nucléaire est aussi beaucoup une question de communication, de ce qu’on va et peut faire. Ici ce que l’Otan dit c’est : la guerre en Ukraine ne nous intimide pas et nous sommes en capacité de nous défendre en cas d’attaque. La doctrine de défense nucléaire de l’Otan reste la protection de la paix. Dans ce cadre, le rôle dissuasif des armes nucléaires est important.»

La Russie procède actuellement également à ce genre d’exercice « mais on est dans un discours beaucoup plus menaçant et donc très différent du discours de l’Otan », constate l’experte.

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