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Covid: « Les anticorps monoclonaux sont sous-utilisés en Belgique »

Avec la faible couverture vaccinale à Bruxelles et le risque concomitant d’une quatrième vague dans les hôpitaux, Christophe Goffard, directeur du service de médecine interne à l’hôpital Erasme, attire l’attention sur la sous-utilisation actuelle de ce traitement qui a des conséquences sur l’occupation des lits.

Le traitement par anticorps monoclonaux a permis de traiter efficacement neuf patients immunodéprimés qui avaient été infectés par le Covid-19 alors qu’ils étaient pleinement vaccinés, selon les résultats d’une étude publiée mercredi par les équipes de l’hôpital Erasme (ULB) et du CHU Sart-Tilman (ULiège) dans la revue Transplantation.

L’étude a commencé en mai dernier. Parmi les patients concernés, certains avaient reçu des traitements immunosuppresseurs afin de ne pas rejeter une greffe de rein ou de poumon et d’autres souffraient de cancers du système immunitaire tels que le lymphome et la leucémie. Leurs systèmes immunitaires affaiblis par les traitements et la maladie n’ont pas suffisamment réagi aux injections de vaccins et n’ont pas fabriqué les anticorps spécifiques au Covid-19. Ils ont été infectés par différents variants (alpha, delta et gamma).

Comme ils étaient suivis de près, ils ont reçu rapidement, après la détection de leur infection, une quantité importante de deux types d’anticorps monoclonaux fabriqués en laboratoire. Des lymphocytes B sont sélectionnés chez des personnes qui ont été exposées au coronavirus en fonction du type d’anticorps qu’elles fabriquent, puis sont « clonés » en laboratoire pour une production en grande quantité de leurs anticorps.

« Pas loin de 25% des patients transplantés qui s’infectent, décèdent sans cela du coronavirus », avance Jean-Christophe Goffard sur base de données tirées d’études cliniques.

Aucun des neuf patients de l’étude n’a développé une forme grave de la maladie et tous ont pu quitter l’hôpital, dont sept dans les 8 heures qui ont suivi l’injection d’anticorps monoclonaux. Deux patients ont été maintenus en observation à l’hôpital pour 16 et 8 jours, respectivement en raison d’une infection urinaire bactérienne et d’une adaptation de la thérapie immunodépressive. Ils ont reçu une supplémentation en oxygène dans les 48 heures après l’injection d’anticorps monoclonaux.

« Cela fait quelques mois qu’en Belgique on peut avoir accès à des cocktails d’anticorps monoclonaux qui, s’ils sont donnés précocement, permettent d’éviter des complications graves du coronavirus et donc des hospitalisations en salles traditionnelles comme en soins intensifs », souligne Christophe Goffard. « On a un stock stratégique fait par le gouvernement, auquel on peut avoir accès sur base d’un avis émis par un hôpital universitaire car les traitements sont coûteux, mais tous les hôpitaux peuvent y avoir accès. Il permet de traiter les populations à risque. Avec cette étude, on veut sensibiliser les médecins belges de première ligne car il y a pour l’instant une sous-utilisation de ces anticorps, et ce parce que les patients sont diagnostiqués trop tardivement, arrivent trop tard à l’hôpital, ou ne sont pas référencés comme patients à risque pouvant recevoir ces traitements », poursuit-il. « Or, une efficacité est démontrée, également avec le variant Delta. Il y a donc des hospitalisations évitables. Les personnes à risque de faire des complications et qui n’ont pas été vaccinées ou les personnes immunodéprimés qui n’ont pas répondu au vaccin sont des candidates à ce traitement. »

La Commission communautaire commune (Cocom) va permettre à des personnes immunodéprimées spécifiques de recevoir une troisième dose de vaccin à partir du 12 septembre pour essayer à nouveau de leur faire fabriquer des anticorps.

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