Conner Rousseau © AFP

Conner Rousseau : « Le drame des partis de gauche, c’est qu’ils veulent toujours participer au pouvoir »

Walter Pauli
Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Depuis que Conner Rousseau a été élu président du sp.a en décembre, son langage informel et ses baskets blanches ont reçu leur part d’attention médiatique. Pour la première fois, Conner Rousseau explique le cap qu’il veut prendre avec son parti: « Nous ne devons pas éviter la discussion avec le Vlaams Belang ».

Traditionnellement, de nombreux députés vont aux sports d’hiver pour les vacances de carnaval. Certains passent la semaine sur les réseaux sociaux. Le président du sp.a Conner Rousseau séjourne à Nieuport, dans le centre de vacances socialiste De Barkentijn. Il y supervise toujours des camps de jeunes : « Je dois faire un quiz d’ici ce soir ». Pour l’instant, Rousseau est célibataire, dit-il. À toute heure du jour, sa vie est consacrée à son engagement. Il y est plongé depuis sa naissance – même avant en fait. Son père Jo Rousseau a été directeur général de De Barkentijn pendant 38 ans. Conner Rousseau : « J’ai été conçu dans une des chambres ici ». Sa mère, Christel Geerts, a été sénatrice sp.a (2003-2007), échevine pendant de nombreuses années et même bourgmestre pendant quelque temps (2010-2012). Elle a combiné ces mandats politiques avec son travail académique de professeure de gérontologie à la VUB. Rousseau vient d’un foyer de gauche. On verra si cette origine lui donnera l’autorité nécessaire pour mener à bien sa résolution: une réorientation fondamentale du cap et du champ d’action du sp.a.

Vous n’êtes pas le seul député de moins de trente ans au parlement, mais il y en a peu de votre génération qui sont devenus chef de groupe en quelques mois et ensuite même président de parti.

Au fil des ans, le parti a appris à me connaître comme quelqu’un qui s’exprimait constamment pour dénoncer ce qui n’allait pas. Le sp.a était organisé de façon désuète, encore un peu comme lors de sa naissance au 19e siècle. J’ai même envisagé d’écrire une brochure basée sur mon expérience de porte-parole : Comment ne pas gagner les élections. Mes quatre années au sp.a. Je suis assez perfectionniste dans la vie : je vois surtout ce qui ne va pas. (rires) Le hasard a voulu que, peu après les élections, Daniël Termont m’a demandé, ainsi qu’au politologue Nicolas Bouteca, d’expliquer à son club de quartier ce qui avait mal tourné dans notre parti. Après coup, Daniël m’a dit: « Tu dois faire quelque chose de cette analyse ». Son club de quartier se compose principalement de membres plus âgés. Manifestement, ma vision a été bien accueillie et mon langage et mon style ont également « pris ». Une chose en entraînant une autre, après le Pukkelpop, j’ai pris ma décision et me suis proposé comme président. Je partais toujours du principe que le parti n’était pas prêt à avoir un jeune de 26 ans à sa tête. À moment donné, des voix se sont élevées: « On ne va pas laisser ce morveux devenir président. »

Heureusement, j’ai pu m’exprimer sur ma candidature dans tous les médias, et surtout dans De Zevende Dag (VRT). Manifestement, c’était un succès. J’ai reçu un appel d’un membre du parti qui ne m’était pas très favorable jusqu’alors : « Le courant passait bien lors de votre intervention. Je pense que personne n’est capable de vous battre. » Soudain, j’étais le favori. C’était une période étrange, car nous avons d’autres talents au sein du parti, comme le bourgmestre de Louvain (Mohamed Ridouani, NDLR) ou notre cheffe de groupe à la Chambre (Meryame Kitir, NDLR), et je ne savais pas s’ils allaient également se présenter.

Vous n’êtes président que depuis décembre et pourtant vous avez déjà réussi à mettre un terme aux luttes internes du sp.a menées dans les médias.

En votant pour moi, nos membres ont indiqué qu’ils en avaient assez des dirigeants socialistes qui se disputaient dans la presse et faisaient du tort à leur parti. Je surveillerai strictement cette ligne. Il est parfaitement possible de gérer le parti d’une main ferme et d’assurer en même temps des relations chaleureuses en interne.

Vous avez fait la paix avec Bruno Tobback, après qu’il vous ait accusé de ressembler à une « pâle imitation de John Crombez ».

(clin d’oeil) Je l’ai laissé se calmer, et nous avons continué à parler. Mais l’ambiance dans le parti est bonne, vraiment bonne. Récemment, j’ai été confronté à cette politique de portes closes. Un groupe de partisans voulait exclure quelqu’un sur la base d’anciennes querelles. J’ai téléphoné à toutes les personnes concernées: « Ce n’est pas comme ça qu’on fait de la politique dans mon parti. » Et j’ai simplement annulé leur décision. C’est comme ça que j’essaie de travailler : de manière ouverte et directe, en face à face. Je ne caresse personne dans le sens du poil, je ne promets rien. La liberté d’expression que je me donne signifie aussi que je consulte beaucoup de gens avant de prendre une décision. Et je sens que quelque chose est en train de changer au sp.a. Je parle de notre fonctionnement, de nos vibes, de notre amour-propre avant tout.

Amour-propre?

Eh bien, oui. C’était mon premier objectif : ramener l’amour-propre. Nos députés n’avaient plus aucun amour-propre: ni pour ce qu’ils faisaient, ni pour ce que représente notre parti. Nos membres passaient leur temps à s’excuser. J’ai dit : « Arrêtez de vous excuser. »

Vous voulez dire, désolé pour le gouvernement violet. Désolé pour la dette nationale. Désolé pour la culture de pillage. Désolé pour les coûts salariaux élevés. Désolé pour la pauvreté des enfants. Désolé pour la croissance de l’extrême droite.

Certains pensent encore que je devrais m’excuser pour la Troisième voie de Tony Blair. Alors, je détourne le regard. Je n’ai jamais été membre du parti de Tony Blair, j’avais six ans quand ce livre a été écrit. Je ne vais plus me justifier pour ce que je ne suis plus. Les socialistes doivent cesser de s’excuser pour ce qu’ils n’ont pas fait. Nous allons donc cesser de nous excuser tout court. Dorénavant, nous dirons ce que nous défendons.

Conner Rousseau
Conner Rousseau© Bas Bogaerts

Les anciens présidents de parti ont également mis leurs propres accents, mais cela s’est fait dans la continuité d’une certaine culture et d’une certaine fonction du parti. Vous visez un changement radical.

Si un parti perd les élections pendant vingt ans, je ne pense pas qu’il soit très sage de jurer par la « continuité ». Bien sûr, je crois au socialisme, sinon je ne serais pas président d’un parti socialiste. Les collègues plus âgés du parti me rappellent souvent de ne pas oublier le passé. Ils oublient souvent eux-mêmes les véritables fondements tels qu’ils sont repris dans l’Internationale. (cite par coeur 🙂 Pas de droits sans devoirs, dit-elle, Égaux, pas de devoirs sans droits ! Je connais cette chanson depuis que j’ai cinq ans. Malheureusement, le cadre des « droits et devoirs » a été détourné par la droite. La droite en a fait quelque chose d’étroit. Vous pouvez pourtant lui donner une interprétation de gauche: les gens ont le droit d’avoir un emploi, et le gouvernement a donc le devoir de veiller à ce qu’il n’y ait pas de discrimination lorsque les gens postulent pour un emploi.

« Dire ce que les socialistes défendent », n’est pas toujours facile. Les élections du 26 mai étaient centrées sur la société multiculturelle et les études ont souvent montré que les socialistes diplômés du supérieur la voient d’un oeil plus positif que les membres plus sceptiques issus de la classe ouvrière.

Ce que nous ne pouvons surtout pas faire, c’est critiquer les gens qui expriment leurs sentiments et leurs idées dans un langage non académique. Cela ne résout rien, les gens pensent ce qu’ils veulent penser, la pensée est libre. Le résultat était mérité: beaucoup de gens ordinaires considèrent le sp.a comme un parti de l’establishment. La plupart de nos jeunes ici se moquent totalement de la politique ou du pilier. Cependant, ils sont tous imprégnés de valeurs socialistes telles que la solidarité. Je leur ai demandé une fois s’ils pensaient que le sp.a était un parti progressiste ou conservateur. Devinez?

Nous devons surtout nous débarrasser de notre comportement trop politiquement correct. Celui-ci est souvent motivé par la peur. Lors de la discussion sur le retour des enfants de l’État islamique, j’ai dit à la radio que nous devions faire attention à « ces fous de l’EI ». J’ai expliqué que nous devons suivre ces parents de près et continuer à les surveiller de près. J’ai été apprécié partout pour cela : « C’est bien que cela soit enfin dit à nouveau par un socialiste ». Sauf dans notre propre parti. Quelques chevaliers de la morale m’ont envoyé un e-mail: « Fous », est-ce une bonne idée de dire ça?

Cette discorde interne remonte au débat sur le foulard à l’époque de Patrick Janssens.

Nous allons bientôt lancer un grand débat interne sur la liberté et la foi. Écoutez, ici au camp de jeunes, j’ai vu une jeune fille issue de l’immigration beaucoup s’amuser pendant deux semaines et quand elle est repartie en bus, elle a soudain remis son foulard. Je n’étais pas trop d’accord. Mais interdire le foulard : cela la rendrait-elle plus heureuse ? J’en doute. La liberté est au coeur de mes préoccupations, mais cela signifie aussi que personne ne peut être opprimé. Il y a la liberté de croyance, mais aussi de non-croyance.

En tant que président du sp.a, vous cherchez à établir un nouveau lien avec « l’homme qui travaille ».

Je viens aussi d’un milieu de travailleurs.

Votre mère est professeure d’université.

Ma mère devait faire les foins tous les étés pour payer ses études. J’ai passé mes vacances d’été à De Barkentijn : 90% du public ici se compose de personnes peu diplômées. Dans le collège de Saint-Nicolas, j’étais entouré d’élèves plus riches et j’étais le plus pauvre de la classe. L’été, à De Barkentijn, il y avait beaucoup d’enfants de familles pauvres et j’étais le plus riche. Je connais à la fois le discours des administrations du sp.a et du monde des travailleurs. À Saint-Nicolas, j’ai eu des discussions constantes avec les écologistes sur l’importance des événements gratuits en été. Ceux qui n’ont pas l’argent pour partir en voyage devraient au moins pouvoir s’amuser dans leur ville. C’est pourquoi le tourisme social est si important pour moi : vous n’imaginez pas combien de jeunes de Flandre occidentale n’ont pas encore vu la mer. Cette nouvelle orientation est déjà apparue clairement dans quelques débats que nous avons eus récemment, sans parler de la zone à faibles émissions (LEZ).

Conner Rousseau
Conner Rousseau© Bas Bogaerts

Dans le dossier des LEZ, vous avez fait prendre un tournant de taille au sp.a.

J’étais aussi contre les LEZ, mais je n’étais pas président à l’époque. Je reste fidèle à mes propres convictions. Avec les LEZ, on interdit tous les vieux diesels, de ceux qui n’ont pas d’argent. Ceux qui ont de l’argent peuvent continuer à conduire. Les vieux diesels de la ville de Gand ou de De Lijn traversent encore toujours Gand. Ils tirent leurs moyens d’exploitation de l’argent des contribuables, et ce faisant, ils se paient des amendes LEZ. On ne vous explique pas cela au café, au club de tennis ou sur mon groupe d’amis WhatsApp.

Les gens ne votent pas seulement avec leur portefeuille. Ils votent également pour un parti en raison de ses idées sur la société. Lors d’une fête de famille avec des gens de la classe moyenne équipés d’une voiture hybride, j’ai surtout entendu des critiques contre les LEZ: « Les gens de l’extérieur de Gand ne reçoivent pas de prime, mais ils doivent aussi venir en ville pour leur travail. Ce n’est pas juste ». Manifestement, les LEZ se heurtent à leur sens de la justice. C’est plutôt bien : ils s’en soucient.

C’est pourquoi je n’ai pas peur d’aller à l’encontre du politiquement correcte en critiquant les LEZ. Les gens trouvent souvent qu’on ne peut plus rien dire. Et alors ils se tournent vers le Vlaams Belang, soi-disant parce que ce parti est de leur côté. Les membres du sp.a ne doivent pas avoir peur d’entrer en discussion avec le Vlaams Belang.

Vous dites que la gauche a trop peur de l’extrême droite ?

Nous ne devons surtout pas éviter les discussions avec eux. Il y a quelques semaines, un débat a eu lieu au Parlement flamand au sujet d’un chauffeur de camion attaqué au couteau par un migrant dans un parking sur une autoroute. Au sein du groupe sp.a, il y avait un doute : « C’est un sujet typique du VB. Évidemment », ai-je dit : « Il n’y a pas de sujets dits VB. Nous aussi, nous voulons aussi garantir la sécurité de nos camionneurs, non? » Tous les autres partis progressistes se sont tus, mais nous avons participé au débat. Un membre du Vlaams Belang a été le dernier à parler. Il a terminé par une dernière phrase écrite à l’avance : « Vous voyez que les partis traditionnels et de gauche ne se soucient pas des camionneurs, du CD&V, de l’Open VLD – et puis il s’est tu, parce que son papier disait aussi « sp.a » et soudain ce n’était plus correct – et il a continué : « Groen et PVDA ». Puis j’ai pensé : yes, un point pour le sp.a. On recommence à parler de sujets que nous avons laissés à la droite pendant de nombreuses années.

Avez-vous eu l’impression, pendant la crise gouvernementale, que vous pouviez conquérir une place dans la politique belge?

Oui, mais je ne sais pas si j’en ai envie. Le « 16, Rue de la Loi », c’est là que se réunissent tous les politiciens qui se disputent, n’est-ce pas ? Bien qu’ils se concertent souvent derrière les caméras, j’ai remarqué. Il est très frappant de lire que le lendemain, dans les journaux, ils se déclarent la guerre. Je vais rester en dehors de cela autant que possible.

Vous appartenez au club, bien sûr. À la télévision, tout le monde voit que vous êtes reçu par le roi Philippe.

Je suis assez confiant dans le fait que tout le monde a vu que nous nous sommes abstenus de tout commentaire au cours des derniers mois. Nous avons seulement dit que nous espérions un nouveau gouvernement capable de provoquer un tournant social. Toutefois, le temps des préférences et des vetos est révolu. Certaines personnes pensent que je dois répéter sans cesse les différences entre le sp.a et la N-VA. Mais je ne me lève pas tous les jours à 5h30 pour être contre la N-VA. Je préside un parti qui défend le climat, la qualité de notre éducation, les enseignants qui aiment encore enseigner. Nous avons un programme à ce sujet. Nous allons durcir les règles et mieux communiquer sur la sécurité et l’augmentation des salaires et des pensions.

Vous parlez de l’éducation et des enseignants. Mais vous ne pouvez rien y faire au sein du gouvernement fédéral, car l’enseignement est une compétence flamande. Il faut espérer que les électeurs potentiels du sp.a connaissent cette différence.

C’est pourquoi je préfère rejoindre les deux gouvernements ou alors aucun. Je ne peux expliquer à mes électeurs que le sp.a n’est pas responsable des bus, mais du train.

Si le SP.A. devait rejoindre le gouvernement fédéral, est-ce que vous « feriez irruption » dans le gouvernement flamand, comme …

(prend le relais)… le président du SP, Karel Van Miert, en 1988 ? Vous voyez, je connais mon histoire. Mais le referions-nous aujourd’hui ? Si nous disons que le sp.a veut faire partie de la solution, nous ne bloquerons plus le pays dans une opération de retour au gouvernement flamand. En attendant, nous restons d’avis que les négociations seraient mieux fondées sur le contenu d’un nouvel accord de coalition, et non plus sur la composition d’un nouveau gouvernement.

C’est un peu idéaliste, évidemment.

Est-ce toujours autorisé ? Le cynisme dont les autres font de la politique n’a pas fait avancer les choses. Le sp.a veut-il faire partie du prochain gouvernement ? Oui, mais pas à n’importe quel prix. Une partie de la solution peut aussi être que le sp.a n’y soit pas. Tant pis alors.

Vous êtes sérieux ? Quelqu’un d’un peu de social-démocrate veut « être là » : pour le « bien des gens », ou pour empêcher une politique de droite (ou plus à droite).

Ce qui apparaîtra clairement au nouveau sp.a, c’est que nous ne voulons plus « être là pour être là ». (avec insistance) Il faut cesser de forniquer avec le pouvoir. C’est le drame des partis de gauche comme le nôtre : même si nous n’avons que 10%, nous voulons toujours participer. Et ensuite, l’électeur nous sanctionne.

Vous voulez vous débarrasser de l’image du sp.a comme sous-fifre démodé du parti moderne et progressiste qu’est Groen.

Cela aussi relève de l’amour-propre. Je crois beaucoup à une union des forces progressistes. Cela signifie que le sp.a doit essayer de devenir la version la plus forte d’elle-même. Le sp.a ne se laissera plus dire ce qui est bon et ce qui ne l’est pas par un parti vert pédant. Un discours rouge lutte contre l’inégalité et est donc par définition verte. Lutter contre la pauvreté énergétique, c’est lutter contre l’inégalité. Tout comme notre lutte pour plus de transports publics, pour le climat ou pour une bonne éducation. C’est une histoire profondément socialiste. Je n’ai pas besoin d’une main verte pour m’apprendre ce qui est bon pour l’environnement et le climat. Je veux que toutes ces mesures soient bonnes pour les gens. Dorénavant, ce sera « et/ou » pour le sp.a, et non « ni l’un ni l’autre ». Nous continuerons à bien travailler avec Groen. Mais si les écologistes veulent toujours introduire des mesures qui augmentent les inégalités, le sp.a va désormais mettre des bâtons dans les roues.

C’est la principale raison pour laquelle les socialistes s’engagent dans la politique : nous luttons contre l’inégalité. Et pour le progrès, et pour plus de divertissement aussi. Il y a peut-être moins d’acidification, plus de plaisir dans la vie. Les gens ne vivent pas pour survivre. Les gens vivent pour bien vivre.

Vous vous préparez à de nouvelles élections ?

Ma devise est : espérez-le meilleur, prévoyez le pire. J’espère toujours le meilleur, donc il va y avoir un gouvernement. Mais je serais un mauvais président si mon parti n’était pas préparé à de nouvelles élections. Je ne pense pas que ce soit bon pour le pays. Mais cela ne peut pas nuire au SP.A. Nos vibes ne sont pas mauvaises. Et bien sûr, il serait bon que les socialistes flamands remportent enfin une autre élection.

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