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Christian De Valkeneer, ce chef adoré par les siens

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le Conseil supérieur de la Justice examine en ce moment la candidature de Christian De Valkeneer à la prolongation de son mandat de procureur général de Liège. L’avis qu’ont envoyé au CSJ les magistrats que dirige le proc’ est rédigé en des termes très louangeurs.  » Du jamais-vu « , même, selon certains milieux judiciaires, qui s’en amusent ou s’en indignent. Le Vif/L’Express s’est procuré le document.

Christian De Valkeneer, procureur général près la Cour d’appel de Liège, ne doit pas s’inquiéter de l’examen de son dossier par le Collège d’évaluation des chefs de corps du ministère public. En tout cas pas de la façon dont ses subordonnés, les magistrats du parquet général, considèrent l’éventualité qu’il prolonge sa mission à un poste occupé depuis avril 2012 (il fut auparavant le procureur du Roi de Charleroi, à l’époque des « affaires »).

Christian De Valkeneer, en effet, est pour eux « un très grand travailleur » qui a « accumulé une telle somme de compétences pluridisciplinaires qu’il bénéficie d’un très haut niveau de crédibilité et cela tant en interne (…) qu’à l’égard des multiples intervenants externes au monde judiciaire ». Il prend des décisions « préparées, réfléchies, prises rapidement et assumées ». Il « ne s’est jamais dérobé, n’a jamais biaisé ni lanterné ». Il « dispose d’une intelligence très vive, d’excellentes capacités analytiques, lesquelles sont couplées, ce qui est excessivement rare et donc éminemment précieux (…) avec d’extraordinaires capacité des synthétiser les problèmes juridiques et factuels les plus ardus que l’on puisse imaginer ». Il redige « de larges études prospectives pénétrantes ». Il se trouve « naturellement en parfaite adéquation avec l’époque » et « nage, tel un poisson dans l’eau, dans l’univers digital et le monde informatique ». Il a « le sens du service public rivé au corps ». Et puis il est « d’un abord agréable, toujours poli et courtois, serein et d’une humeur constante ».

Bref, il exerce de façon si « talentueuse son rôle de leader qu’il est « perçu comme la parfaite concrétisation du principe « The right man in the right place » ».

Les cinq pages de l’avis motivé rédigé en exécution de l’article 259novies §10 alinéa 5 du Code Judiciaire par l’assemblée de corps des magistrats qui composent son parquet général, adoptée à l’unanimité des quinze présents (deux personnes seulement étaient absentes) le 24 juin dernier, font honneur à Christian De Valkeneer, dont l’année médiatique aura pourtant été marquée par deux échecs politiques : le refus de levée de l’immunité parlementaire d’Alain Mathot, et le terme des poursuites contre Jean-Claude Van Cauwenberghe. A un point tel que certains ricanent sous cape, sous toge ou sous toque de soie noire. « Ce qui rend cet avis encore plus délirant. Jamais, de toute ma carrière, je n’ai vu un texte aussi caricatural ! On dirait une archive albanaise de l’époque d’Enver Hoxha », s’emporte une voix bien connue du milieu judiciaire, qui tient toutefois à rester anonyme.

Le procureur général de Liège, lui, reste stoïque dans la tempête d’éloges. « Je n’en ai pas fait une dépression nerveuse, non », s’amuse-t-il, au fond un peu gêné. « L’autre avis, celui de l’auditorat général, n’est pas dans le même style, c’est vrai, mais il est aussi positif sur le fond que celui de l’assemblée de corps du parquet général. C’est rassurant. Et puis, de temps en temps, des gens qui disent du bien de vous, ça ne fait pas de mal, non ? »

Et modeste, avec ça.

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