Nicolas De Decker

Charles Michel, une certaine idée du vrai

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

C’est une réalité qui éclate enfin aujourd’hui, que Charles Michel est à peu près désormais en Belgique la mesure de toute vérité vraie.

L’homme a, il est vrai, à la vérité rendu de très grands honneurs depuis qu’il gouverne avec ce parti avec lequel il avait juré de ne pas gouverner, qu’il a augmenté cet âge légal de départ à la retraite qu’il avait juré de ne pas augmenter, et qu’il a fait sauter cet index qu’il avait juré de ne pas faire sauter. Charles Michel, qui dit toujours  » je le dis très sereinement  » avant de hurler des insultes, qui taxe l’opposition de trumpisation avant de justifier sa mauvaise image par le pullulement de journalistes salariés en black par le Parti socialiste, et qui crie  » jobs, jobs, jobs  » au nom de la  » démocratie des résultats  » contre la  » démocratie des slogans « , a donc décidé d’en finir avec la désinformation, avec l’aide de son camarade Alexander De Croo.  » Nous tombons trop souvent dans le piège des fake news, sans toujours vérifier si c’est correct. […] L’action politique doit être confrontée à la réalité, à la vérité des faits. Plutôt qu’à la facilité des perceptions et des illusions. […] Nous ne craignons pas l’objectivité des faits. Au contraire, nous la souhaitons « , il a dit, Charles Michel, lundi 8 octobre, à la tribune de la Chambre, juste avant qu’Alexander de Croo n’envoie un communiqué de presse pour expliquer qu’il allait abonder un fonds d’un million et demi d’euros pour subsidier des initiatives de fact checking, et c’est très bien tout ça, parce que l’adresse politique à la tribune de la Chambre et le communiqué de presse sont à l’information objective ce que l’haleine matinale de l’auteur de ces lignes est à l’éradication des nuisances olfactives.

Il va falloir en engager, du monde, pour vérifier la vraie vérité dans ce que disent les Michel, Reynders, Jambon, Marghem, Francken, Bacquelaine…

Il a raison, Charles Michel, de vouloir déjouer les illusions du storytelling populiste, et il a aussi raison, au fond, de dire très sereinement que l’opposition trumpiste et les journalistes corrumpus sont des menteurs ! En particulier ceux qui parmi eux trouvent que les jobs, jobs, jobs de Charles Michel ne sont que des slogans et pas de vrais emplois durables.

Parce que pour, disons, compter le nombre de musulmans qui dansent après d’horribles attentats, ou pour voir si un officier de liaison dont le nom mis en pâture par un vice-Premier est bien vraiment responsable de ces horribles attentats, ou pour savoir si des fonds libyens ont bien été irrégulièrement débloqués, ce que pensent les Nations unies alors qu’un autre vice-Premier raconte que pas du tout, ou pour comprendre qu’un plan de délestage qu’une ministre annonçait inutile en août devient inévitable en septembre, ou pour s’assurer que la République du Soudan du Sud n’est qu’une province de la République du Soudan comme l’affirme un secrétaire d’Etat au crâne rasé en Asile et Migrations, en tweets et en indépendantisme flamand, en géographie de l’Afrique et en nettoyage de parcs bruxellois, ou pour calculer si, comme le dit un ministre, faire des économies dans les pensions de retraite va bien renforcer le pouvoir d’achat des pensionnés, eh ben oui, il va falloir en engager, du monde, pour vérifier la vraie vérité dans ce que disent Michel Charles, Reynders Didier, Jambon Jan, Marghem Marie-Christine, Francken Theo et Bacquelaine Daniel.

Et pas des temps partiels.

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