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Charles Michel, la revanche du laissé-pour-compte

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Il est Premier ministre depuis six mois. Chef d’un gouvernement inédit, il veut se faire respecter en redressant un pays en plein trauma psychologico-politique. Imprégné des méthodes flamandes, il prend avec plaisir et conviction sa revanche sur la Wallonie socialiste. Une stratégie risquée.

Le « petit Charles » – ce fils de Louis dont les socialistes francophones moquaient le côté premier de classe et le manque de popularité avant de l’accuser cet été d’être un « kamikaze » – a pris de la carrure et de l’assurance après six mois passés au 16, rue de la Loi. Le Premier ministre ne cesse d’asséner, fort des réformes socio-économiques et sécuritaires engrangées : « Que l’on soit d’accord avec nous ou pas, nous sommes un gouvernement qui décide. » Son homologue wallon, taxé d’ « irresponsable » dans le débat budgétaire, en serait l’antithèse.

« Tenace et obstiné », selon ses propres termes, Charles Michel vise un « rendez-vous avec l’Histoire » d’ici deux ou trois ans, quand il aura « remis la Belgique en ordre ». Espoir secret : faire de son parti le numéro un francophone incontesté. Et de lui-même, un homme enfin respecté.

« On me reprochait mon caractère soi-disant lisse et peu flamboyant, mon côté animal de sang-froid, autant de traits qui sont aujourd’hui considérés comme des atouts », souligne l’actuel locataire du 16. L’homme a une « bible » sous la main, l’accord de gouvernement, et une « intime conviction », la nécessité de réconcilier protection sociale et encouragement de l’initiative économique. Même si les faits devront valider le slogan, il avance pas à pas : saut d’index, allongement de l’âge de la pension, arsenal de mesures sécuritaires, conclave budgétaire… Son carnet est déjà rempli jusqu’à l’été : sécurité énergétique, réforme de la SNCB et, surtout, le fameux tax-shift. « Nous pouvons enfin prendre des mesures qui étaient impossibles avec le PS à bord en faveur des PME, de l’Horeca, des starters… Dans deux ou trois ans, je suis persuadé qu’on verra le résultat tandis qu’en Wallonie, cela risque d’être désastreux. »

C’est, au fond, comme si ce Premier ministre francophone avait parfaitement endossé le costume de chef d’une coalition de centre-droit, dominée par trois partis flamands. Comme si, dans l’action, son caractère se révélait similaire à celui de personnalités nordistes qui avancent sans s’embarrasser d’états d’âme, mettent de côté l’émotionnel et osent dire tout haut ce que certains pensent tout bas. « On affirmait que le MR risquait d’être le point faible, nous sommes en réalité celui qui génère les décisions », appuie en outre Charles Michel. On lui reproche de manquer d’autoritarisme face à la N-VA et à Bart De Wever, qui multiplient les provocations non sanctionnées tout en le qualifiant en retour de « grand Monsieur » ? Le Premier affirme au contraire que la confiance des quatre partis de la majorité, acquise grâce à un travail d’écoute permanent et de recadrage hors du grand cirque médiatique quand c’est nécessaire, lui donne plus que jamais les coudées franches. « L’autorité, c’est comme cela que je la construis. »

L’analyse de « la méthode Michel » dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • L’anti-Di Rupo
  • Le revanchard wallon
  • L’homme d’Etat adolescent
  • L’opinion de l’opposition : « Coincé par la N-VA », « clanique », « dédaigneux »

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