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« Ce que veut Bart De Wever, le gouvernement l’exécute »: comment Charles Michel répond-il aux critiques sur le choix du F-35?

L’opposition a vilipendé jeudi à la Chambre la décision du gouvernement de sélectionner le F-35 Lightning II du groupe Lockheed Martin pour succéder à partir de 2023 aux F-16 vieillissants de la composante Air. Elle a condamné le choix d’un avion américain au détriment du projet européen, notamment l’Eurofighter Typhoon.

Le Premier ministre Charles Michel a justifié une décision qui est un « choix de loyauté à l’Otan et un choix européen » car 30% des composants du F-35 sont fournis par l’Europe où sont également produits les autres équipements militaires qui ont fait jeudi l’objet d’une décision, parmi lesquels l’achat de chasseurs de mines.

Mais pour l’opposition, le choix du F-35 américain est une occasion manquée de faire évoluer l’Europe de la Défense. Les députés francophones de l’opposition y voient la marque de la N-VA. Ils se demandent également quelles seront les conséquences vis-à-vis de la France du président Macron alors que l’avion Rafale de l’avionneur Dassault restait cité comme candidat potentiel à la succession, bien que hors procédure, dans le cadre d’une proposition de partenariat stratégique lié au développement de l’avion de combat européen du futur.

« Ce que veut Bart De Wever, le gouvernement Michel l’exécute »

« Ce que veut Bart De Wever, le gouvernement Michel l’exécute », a estimé jeudi au parlement Olivier Maingain (DéFI) déçu que la Belgique ne s’inscrive dans une dimension européenne.

« L’extrême droite nationaliste anti-européenne au sein de votre gouvernement vous a imposés ce choix. Vous n’aurez plus l’occasion de rencontrer le président Macron avec les mêmes faveurs », a-t-il ajouté. Pour Georges Dallemagne (cdH), « c’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe, c’est le triomphe de la N-VA ».

« Une décision qui soutient l’administration Trump »

« Votre choix politique est celui de la N-VA 100% eurosceptique, 100% atlantiste, qui veut acheter américain pour tuer la défense dans l’oeuf. C’est le choix d’un avion qui ne vole pas, c’est une décision qui soutient l’administration Trump », a renchéri Julie Fernandez.

« Le principal marché public octroyé durant cette législature est octroyé aux Américains de Trump, celui qui vous a craché à la figure lors de deux sommets de l’Otan consécutifs, celui qui nous crache à la figure, nous, les Européens », a indiqué Benoît Hellings (Ecolo).

Marco Van Hees (PTB) a été un pas plus loin en soutenant que « dès le départ les Etats-Unis, maîtres de l’Otan imposeraient le choix du F-35; au football les matches truqués, à la politique les appels d’offre sur mesure ».

« Crédibilité sur le plan international »

Le premier ministre a répondu que dans l’enveloppe de 600 millions d’euros de rabais dont a bénéficié le projet F-35, 300 millions d’euros allaient être consacrés à la recherche en vue du développement de l’avion du futur. M. Michel a également justifié le choix d’une alliance « structurelle » avec un programme américain, sachant que le président Donald Trump est élu pour un nombre limité d’années.

« Nous ne sommes pas suiveurs mais les Etats-Unis ne sont pas devenus un adversaire ou un ennemi, le message que nos envoyons est un message pour la crédibilité sur le plan international », a-t-il dit.

Richard Miller (MR) a lui mis en doute la crédibilité de l’offre française pour le Rafale et le développement d’un avion de combat européen du futur.

« Si la France avait été tellement européenne, pourquoi n’a-t-elle pas répondu à l’appel d’offres de l’Etat belge? », a-t-il demandé.

Le député Veli Yuksel (CD&V) a émis le souhait que ce soit le dernier marché passé en l’espèce avec les Américains, afin de faire émerger à l’avenir une collaboration pour un appareil européen.

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