Test Achats salue les nouvelles mesures du gouvernement fédéral concernant l’énergie même si elles ont un « impact budgétaire énorme » et qu’elles ne constituent pas une solution sur le long terme. L’opposition francophone a elle regretté l’absence de mesures suffisamment fortes pour permettre aux ménages et entreprises de faire face à l’explosion des factures d’énergie.
Le gouvernement est bien conscient de la détresse de nombreuses familles qui ne peuvent plus payer leurs factures. Il tente d’y remédier par des mesures à court terme », pointe Test Achats. Tout d’abord, la réduction du taux de la TVA à 6% est prolongée, ce qui, aux tarifs actuels et avec une consommation moyenne, représente une réduction d’environ 1.000 euros par an. « Même si cette baisse de la TVA sera compensée par une augmentation des droits d’accises lorsque les prix se normaliseront, Test Achats est favorable à cette mesure; celle-ci permettra de soulager les ménages à court terme », se réjouit l’organisation. Cette dernière réagit, par ailleurs, positivement à l’extension du tarif social, qui a déjà prouvé son efficacité lorsqu’il s’agit de protéger les consommateurs les plus vulnérables.
Court terme
Test Achats soutient également la prolongation jusqu’en mars du forfait énergétique de base de 135 euros pour le gaz et 61 euros pour l’électricité pour les personnes qui ne peuvent pas bénéficier du tarif social mais se situent dans une limite de revenus déterminée. Étant donné que le prix du mazout domestique et des pellets a également fortement augmenté, le gouvernement prévoit également une intervention pour ces consommateurs. Néanmoins, l’organisation note que ces mesures ont un impact budgétaire énorme et qu’elles n’ont qu’un effet à court terme.
Test Achats réitère son appel en faveur d’une autre répartition et affectation fiscales (tax shift) permettant de nettoyer la facture d’électricité des taxes et des charges pour la réduire à son essentiel : l’électricité et son transport. Enfin, l’organisme renouvelle sa demande d’un tarif universel pour l’énergie. « Il s’agirait de préférence d’un tarif fixe proposé par les fournisseurs commerciaux ou le gestionnaire de réseau dont le prix serait réglementé par l’autorité de régulation », ponctue-t-il.
« Déception »
« C’est une déception. Alors qu’il fallait bloquer les prix de l’énergie, on a des chèques divers qui ne vont pas résoudre les problèmes. C’est bien que l’on reconnaisse enfin, comme nous le demandions, la logique des surprofits mais ce qui est mis en oeuvre est insuffisant. On ne va pas vraiment toucher les gagnants de cette crise: les multinationales de l’énergie », a expliqué le président du PTB, Raoul Hedebouw. Le parti marxiste pointe aussi du doigt des économies dans les soins de santé, par une réduction de la norme de croissance, la défiscalisation d’une partie de l’indexation qui va, dit-il, réduire les recettes de la sécurité sociale, de trop faibles mesures fiscales touchant « le grand capital » et de trop maigres avancées sociales.
« La première référence citée par le Premier ministre, c’est Ronald Reagan (« A government’s first duty is to protect the people, not run their lives », a dit M. De Croo citant le président américain républicain). Comme référence politique et idéologique, c’est bizarre alors que la faillite de ses politiques a été démontrée », a encore dit M. Hedebouw.
Plafonnement?
« Il n’y a toujours pas de vrai plafonnement des factures d’énergie. Cela crée des drames et alimente l’inflation », a fait remarquer la cheffe de groupe des Engagés, Catherine Fonck, qui a aussi épinglé des économies dans les soins de santé alors que la crise du covid a durement exposé les soignants et dans des mesures bénéficiant aux familles comme les crédits-temps.
Les centristes déplorent également l’absence de grande réforme fiscale et du marché du travail. « On nous annonce des plans à venir alors qu’on est à 18 mois de la fin de la législature », a-t-elle souligné.
Service minimum
« Le Premier ministre a eu des mots forts sur l’Ukraine que j’ai appréciés. Il faut se souvenir que l’on est dans cette situation parce que l’Europe est en guerre. Mais, pour le reste, j’ai entendu le service minimum. Il n’y a toujours pas de blocage des prix de l’énergie et de fixation des tarifs. Au lieu de cela, on nous offre un étal de mesures. Je ne dis pas que ce n’est pas bien mais personne n’imaginait qu’elles ne seraient pas prises, et elles ne compenseront pas l’effet qu’aurait eu un blocage des prix, alors même qu’elles coûtent cher et génèrent des injustices », a dit le président de DéFI, François De Smet.
Du côté de l’opposition flamande, le président de la N-VA, Bart De Wever, a qualifié l’accord conclu par le gouvernement fédéral de « non budget » qui ne s’attaque à aucun problème structurel. « La Belgique connaît le plus haut niveau de dépenses publiques, de pression fiscale et le plus grand déficit structurel de l’UE. Le gouvernement fait en sorte que par ce non budget nous recevrons encore ces trois prix avec un peu plus d’éclat. C’est totalement irresponsable », a lancé M. De Wever sur Twitter.