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Bart De Wever appelle les partis flamands à former « un front flamand »

Après un week-end de répit, la recherche d’une solution au puzzle fédéral reprend lundi, le Roi devant entamer le même jour une nouvelle ronde de consultation des présidents de 10 partis. Dans le même temps, le président de la N-VA, Bart De Wever, a appelé les partis flamands à former un front.

Le député N-VA Theo Francken a appelé lundi matin sur les ondes de la VRT (Radio 1) à l’unité des partis flamands dans les discussions en vue de la formation d’un gouvernement fédéral. « Les francophones, et surtout le PS, doivent voir qu’ils ne peuvent pas créer la zizanie entre nous. C’est une question d’amour-propre », a lancé l’ancien secrétaire d’Etat. Le président de la N-VA, Bart De Wever, a émis un même appel quelques heures plus tard, avant un bureau de parti.

La piste d’une association des nationalistes flamands et du PS parait bien épuisée, Koen Geens ayant constaté l’impossibilité de creuser cette voie après des déclarations très tranchées de Paul Magnette, le président du PS.

« Les francophones, et surtout le PS, doivent voir qu’ils ne peuvent pas créer la zizanie entre nous. C’est une question d’amour-propre », a commenté l’ancien secrétaire d’Etat dans l’émission radio « De Ochtend ».

Bart De Wever n’a pas dit autre chose, en fin de matinée: il a appelé les autres partis flamands à « former un front flamand et à ne pas plier face aux ukases du PS », dont la volonté serait d’aller vers une coalition fédérale sans la N-VA et donc sans majorité dans le groupe néerlandophone à la Chambre. « Ce n’est pas possible qu’un petit parti comme le PS impose sa volonté », lance Bart De Wever, qui estime que l’Open Vld a déjà « plié » tandis que la pression s’accentue sur le CD&V pour faire de même.

« Les 100 premiers jours après les élections, le PS ne voulait pas se mettre à table avec la N-VA, et une fois qu’il l’a quand même fait, ce n’était que pour du faux et pour donner des coups de sabots à Koen Geens et à la N-VA », a estimé Theo Francken lundi matin. « Si les Flamands ne freinent pas des quatre fers, on aura un gouvernement sans majorité en Flandre ».

Au vu des résultats des élections côté flamand, « il est injustifiable de monter dans un gouvernement de gauche », avertit Bart De Wever, appelant les autres partis flamands à « ne pas plier ». Il serait « difficile de comprendre » que l’Open Vld et le CD&V, partenaires de la N-VA au niveau régional, « trahissent ce qu’ils ont convenu dans l’accord de gouvernement flamand », prévient le président de parti.

« Le fédéralisme mène son combat final, mais le PS et les autres partis francophones ne veulent pas le voir », constate finalement l’Anversois.

Les pontes des partis en seraient conscients mais préfèrent ne pas l’avouer, pense-t-il. Pendant les négociations, il y avait selon lui « un schéma » communautaire sur la table, mais sans accord sur le « quand » et le « comment ».

Quant à ce qui va se passer maintenant, alors que le PS a dressé un « cordon sanitaire » autour de la N-VA, selon lui, Bart De Wever ne voit que deux options: une alliance des socialistes, libéraux et Verts, complétée éventuellement du CD&V, du cdH ou de DéFI, ou des élections. « Elles ne sont pas à exclure, mais ce n’est pas ce que je souhaite », indique Bart De Wever. Si les partis de la suédoise sortante tiennent en revanche bon, il est encore possible que le PS change d’avis, pense-t-il. Les socialistes francophones ont jusqu’à présent toujours dit qu’ils ne voulaient pas venir dépanner une suédoise dont ils ne se privent pas de critiquer les résultats.

L’option d’une sorte de gouvernement provisoire ou « d’urgence » ne convainc pas Bart De Wever. « Je ne sais pas ce qu’est un ‘gouvernement d’urgence' », balaie-t-il. » S’il obtient une majorité à la Chambre, c’est un gouvernement tout court ». Il faudrait de toute manière rassembler une majorité pour faire passer les mesures budgétaires.

Le roi consulte

La suite des opérations reste incertaine, après que Koen Geens (CD&V) a jeté l’éponge vendredi dernier, mais si l’on en croit le président du MR Georges-Louis Bouchez, la piste d’une coalition associant PS et N-VA est bel et bien définitivement enterrée. Le MR n’est pas pour autant demandeur d’un nouveau passage par la case « élections », précise-t-il.

« C’était symboliquement très compliqué pour le PS de s’allier avec la N-VA, vu comme le PS a diabolisé ce parti », a résumé le jeune président des libéraux francophones lundi matin sur LN24. Lors des réunions PS – N-VA organisées sous sa mission d’information en duo avec Joachim Coens (CD&V), « c’était un peu un dialogue de sourds », remarque le Montois, qui dit ne pas être étonné du tout du blocage constaté par Koen Geens ensuite. Observant que le PS refuse toujours de s’engager dans une alliance fédérale avec les nationalistes flamands, et ayant été lui-même réduit par son propre parti à explorer uniquement cette option, ce dernier a jeté l’éponge prématurément vendredi dernier, remettant son tablier au Roi.

Retourner maintenant vers les urnes serait cependant une erreur, déclare Georges-Louis Bouchez lundi matin. Ce serait même « une preuve de lâcheté », une sorte d’aveu à l’électeur de l’impossibilité de dégager un accord entre partis.

Du côté du parti « frère » du MR, on critique également lundi sans détour l’attitude du PS, tout en se montrant prêt à travailler à une alliance avec les socialistes. Si la N-VA n’en fait pas partie, il faut cependant que le CD&V y participe, a laissé entendre Egbert Lachaert sur les ondes de La Première (RTBF) en matinée. Pour le chef de groupe Open Vld à la Chambre et candidat à la présidence de ce parti, le CD&V a été « brusqué », il va falloir le convaincre de se remettre à table. Mais à l’Open Vld en tout cas, « personne ne fait d’exclusives, c’est toujours le contenu qui va définir qui on va soutenir ». « Ce que j’attends, c’est que M. Magnette nous convainque d’aller dans une alternative », avec un contenu qui serait défendable face aux membres du parti, indique Egbert Lachaert. La « note Magnette » qui avait ponctué la mission d’information du président du PS était « imbuvable, avec beaucoup de rouge et de vert et pas beaucoup de bleu », rappelle encore le candidat à la présidence de l’Open Vld. Ce dernier donne clairement sa préférence à la recherche de partenaires pour un gouvernement de plein exercice plutôt qu’à une sorte de gouvernement provisoire axé sur des questions budgétaires.

Après avoir accepté vendredi soir la démission de Koen Geens en tant que chargé de mission royale, le Roi entame lundi après-midi ses consultations des présidents de parti, en débutant à 15h00 avec ceux du cdH, de Groen puis de la N-VA. Dix présidences de partis en tout seront reçues jusqu’à mercredi (les trois précités ainsi que MR, Open Vld, PS, sp-a, CD&V, Ecolo, DéFI).

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