
Bagarre de chiffres pour louer ou incendier la politique fédérale
La majorité et l’opposition se sont renvoyé mercredi les chiffres relatifs à la création d’emplois et à la croissance pour appuyer ou, au contraire, dénoncer la politique du gouvernement fédéral. La première a mis en avant les résultats engrangés après trois ans de gouvernement. « Les indicateurs sont au vert », a affirmé le chef de groupe MR, David Clarinval. « Revenez sur terre, c’est ici que ça se passe, dans la vraie vie, très éloignée de ce dont vous nous parlez », a lancé le chef de groupe PS, Ahmed Laaouej, au Premier ministre.
La création d’emplois à temps plein a occupé une partie des débats. Selon Charles Michel (MR), le nombre de ces emplois a augmenté de 60.000 unités entre fin 2015 et fin 2016. Les chiffres de l’ONSS invoqués par le PTB montrent pourtant une autre réalité: 39.000 emplois à temps plein, 12.000 intérimaires et 10.000 à temps partiel. Les précisions du ministre de l’Emploi, Kris Peeters (CD&V), n’ont pas clarifié la situation: + 24.000 emplois temps plein et + 30.000 emplois temps partiels à la fin 2016.
Quant à la création d’emploi, elle est inférieure à celle de la zone euro, a averti le PS. Le propos a fait bondir l’Open Vld: on ne peut à la fois vilipender la politique menée en Allemagne, aux Pays-Bas ou dans les pays scandinaves et en vanter les résultats, a fait remarquer Patrick Dewael.
L’opposition a également dénoncé la pauvreté d’une partie croissante de la population. Un « gouvernement de l’insécurité sociale », selon les socialistes. « Le nombre de ceux qui, dans notre pays, ne vivent pas de façon digne ne cesse d’augmenter », a renchéri Georges Gilkinet (Ecolo).
La majorité a rappelé les efforts déjà fournis pour relever les minima sociaux. L’incertitude demeure toutefois sur la réalisation de l’objectif contenu dans l’accord de gouvernement, à savoir un relèvement progressif aux seuils de pauvreté européens. Le premier ministre l’a rappelé dans son discours à la Chambre mardi mais deux jours plus tôt la secrétaire d’Etat à la Lutte contre la pauvreté, Zuhal Demir (N-VA), avait jeté le trouble en jugeant que cet objectif ne pourrait être atteint. « On poursuivra les efforts dans un cadre réaliste », a précisé le chef de groupe nationaliste, Peter De Roover, jugeant que l’on ne pouvait cacher « les difficultés ».
Le gouvernement a reporté le retour à l’équilibre budgétaire et ne l’atteindra pas sous cette législature.
L’opposition a dénoncé les effets d’une politique de « chèques en blanc signés sans contrepartie ». « Nous ne voulons pas d’un tax shift bis qui vous amènera à la ruine et à prendre la sécurité sociale pour un tiroir-caisse », a averti M. Laaouej en évoquant la réforme de l’impôt des sociétés. « Votre choix, c’est de remplir le tiroir-caisse en ponctionnant les travailleurs, ça n’est pas le nôtre », a répliqué M. Michel.