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« Aujourd’hui, seuls les escrocs et les idiots s’engagent dans les partis d’extrême droite francophones »

Han Renard

En Wallonie, il n’y a pas de percée pour l’extrême droite. « Il n’y a rien de glorieux dans l’identité wallonne », explique le politologue Pierre Verjans (Université de Liège) à notre consoeur de Knack.

Ils n’étaient pas plus de quarante, les membres qui ont assisté le week-end dernier à la fondation du nouveau parti d’extrême droite Droite Populaire. L’événement avait lieu à Flémalle, la ville natale de feu André Cools (PS) près de Liège et « le coeur battant de la Wallonie qui travaille », dit Pierre Verjans en riant. Le parti est un rassemblement de mini-partis d’extrême droite francophones qui ont mordu la poussière le 26 mai dernier. Il semble qu’il s’agisse d’une nouvelle tentative vouée à l’échec : depuis la Seconde Guerre mondiale, les partis d’extrême droite et les partis populistes wallons décollent à peine.

Contrairement à d’autres formations de droite radicale, Droite Populaire ne fait pas de la migration un fer de lance. « Les quatre élus des partis à droite du MR ont tous perdu leur siège le 26 mai », déclare le président Aldo-Michel Mungo. « L’opposition au Pacte de Marrakech n’a donc rien rapporté. La migration n’est pas un thème central de la politique francophone ».

Verjans en doute. Je pense que Mungo se trompe dans son diagnostic. Il y a bel et bien une peur de la migration en Wallonie. Cependant, les Wallons, généralement ceux qui sont affiliés au PS et parfois à la PTB, voient toujours les problèmes sociaux d’abord et avant tout à travers le prisme de l’inégalité sociale ».

Selon Verjans, un « problème fondamental » pour l’extrême droite est qu’il n’y a « rien de glorieux » à l’identité wallonne, alors que l’extrême droite a besoin d’un terreau nationaliste pour pouvoir réellement percer. « Quand vous criez ‘Vive la France !’ en France, les gens sont fiers. Si en Flandre vous criez ‘Vive la Flandre!’, les gens sont touchés. Si vous criez ‘Vive la Wallonie!’ en Wallonie, tout le monde rit. »

« Bien sûr, dans le passé, l’extrême droite a connu des succès électoraux en Wallonie », indique Verjans. « Pensez à Léon Degrelle. Mais c’était un Belge, c’était essentiel dans son discours. »

Outre l’absence de sentiments nationalistes wallons, les structures du parti – et en particulier la forte présence locale du PS – constituent une barrière contre l’extrême droite. « Dans le nord de la France, une région avec la même structure sociale et les mêmes problèmes économiques que la Wallonie, l’extrême droite est dominante. Mais il y a plus de militants socialistes actifs en Belgique francophone que dans toute la France ».

Enfin, Verjans indique que les chances de succès limitées des groupes d’extrême droite en Wallonie ont pour conséquence d’attirer généralement du personnel politique sans talent. Qui est actuellement impliqué dans les partis d’extrême droite francophones? Les escrocs et les imbéciles. Les personnes qui ont un bagage intellectuel se méfient. »

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