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Après avoir fait polémique, « Rich meet Beautiful » retire sa campagne de pub

Le Norvégien Sigurd Vedal a annoncé jeudi dans Het Laatste Nieuws le retrait de la campagne publicitaire controversée lancée lundi aux abords des campus universitaires par le site de rencontres Rich meet Beautiful (RmB), dont il est le CEO.

Pour marquer un gros coup en Belgique, Rich meet Beautiful a lancé lundi une campagne publicitaire dans la capitale. Dix camions ont ainsi sillonné Bruxelles, à proximité des universités et hautes écoles, pour inciter les étudiantes de 18 à 26 ans à financer leurs études via une relation avec un « sugardaddy ». Dotée d’un potentiel estimé à 300.000 membres en Belgique, l’entreprise avait prévu d’étendre l’opération promotionnelle au reste du pays dans les prochaines semaines.

Qualifiée d' »abjecte » ou considérée comme de « l’incitation à la prostitution » cherchant à tirer profit de la détresse de certaines étudiantes, la campagne avait bénéficié ces derniers jours d’une résonance médiatique à cause (ou grâce) de la réprobation générale. Face à la polémique, les réactions outrées ne se sont pas faites attendre. Lundi matin, le jury d’éthique publicitaire a annoncé avoir été saisi d’une plainte.

Condamnant les actions de RmB, le recteur de l’ULB, Yvon Englert, s’est adressé aux étudiants pour leur rappeler les actions sociales menées à l’université pour éviter aux étudiant(e)s de tomber dans la précarité.

L’Union des étudiants de la Communauté francophone (Unecof) a pour sa part dénoncé « une réification de la femme » et annoncé son intention de déposer plainte, tandis que la Fédération des étudiants francophones (FEF), comme d’autres organes, a profité de l’occasion pour relancer le débat sur la précarité des étudiants en Belgique, tout en demandant la suppression de la publicité.

De son côté, le Conseil des Femmes francophones de Belgique (CFFB) a fustigé une « incitation à la prostitution » par la voix de sa présidente Viviane Teitelbaum et a également décidé de porter plainte.

Au niveau politique également, les critiques ont fusé. La ministre francophone des Droits des femmes Isabelle Simonis et son collègue en charge de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt ont ainsi à leur tour annoncé leur intention de déposer plainte contre cette publicité « scandaleuse et alarmante ». Ils sont imités mardi par la secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Egalité des chances Bianca Debaets. Les ministres Simonis et Marcourt annoncent en outre la mise en oeuvre d’une campagne d’information à l’initiative des ministres Marcourt et Simonis sur la prostitution étudiante afin de « conscientiser les jeunes à ses implications en termes d’intégrité physique et psychique ». Dans la même lignée, la vice-présidente wallonne Alda Greoli a quant à elle souligné avoir interpellé l’Institut pour l’Egalité des femmes et des hommes (IEFH).

Par ailleurs, alors que plusieurs communes ont pris des mesures pour interdire la campagne de « sugardating », le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a pris mercredi matin un arrêté pour interdire la publicité controversée sur tout le territoire de la Région, afin de ne « pas laisser les bourgmestres seuls face à de tels actes intolérables » et pour éviter des incohérences entre les communes.

Quant au bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, il a félicité mardi soir via Twitter sa police pour avoir intercepté un camion publicitaire faisant la promotion du « sugardating » avenue de Madrid à Laeken. A l’initiative du procureur du Roi du parquet de Bruxelles, un PV a été rédigé à charge de X pour « incitation à la débauche d’une personne majeure dans un lieu public », a confirmé mercredi le parquet de Bruxelles. Une enquête est ouverte afin de déterminer si la campagne publicitaire « Rich meet beautiful » est constitutive d’une infraction pénale.

Jeudi matin, les quotidiens du groupe Sudpresse annoncent que Sigurd Vedal, le CEO du site de rencontres, est convoqué par le parquet de Bruxelles afin d’être entendu sur la nature de ses intentions lors de la campagne d’affichage.

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