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Absences au SPW : « il faut mettre fin aux abus », selon Nollet

La CSC et la CGSP contestent le système de mesure des absences des agents du Service public de Wallonie (SPW). Les deux syndicats le juge attentatoire à la vie privée, rapporte Le Soir mercredi.

Le système est un tableau de bord qui classe les absences selon des codes couleur. Le vert signifie que l’incapacité de travail n’est pas remise en doute, le rouge reprend les absences injustifiées, tandis que le orange couvre les cas « où il est difficile d’évaluer extérieurement l’incapacité ».

La CSC s’indigne que le SPW répertorie des absences couvertes par un certificat médical. Selon le syndicat, cela revient à remettre en doute le bien-fondé du certificat et à violer la vie privée.

La CSC dénonce également un cas où, lors d’une réunion de service, la liste des absences de chacun a été remise à tous les membres, avec un classement du plus absent au moins absent, lié à un indice de performance.

Du côté de la direction du SPW, on temporise, avançant que le tableau de bord est un « instrument de management » dont le but est « d’objectiver les absences ».

La CSC va consulter la Commission de la vie privée et elle devrait être rejointe par la CGSP.

Nollet dénonce l’atteinte à la vie privée mais veut mettre fin aux abus


Le ministre wallon de la Fonction publique Jean-Marc Nollet a demandé un rapport pour vérifier si des données individuelles concernant l’absentéisme au Service public de Wallonie (SPW) ont été publiées sur l’intranet, auquel cas il s’agirait d’une atteinte à la vie privée.

La publication de ces données serait « illégale », a déclaré mercredi Vincent Chiavetta, avocat au Barreau de Bruxelles, contacté par l’agence Belga. « Si ce tableau est publié sur l’intranet du SPW, cela est effectivement tout à fait illégal. Il s’agirait d’une atteinte à la vie privée », a ainsi analysé Vincent Chiavetta. Les données liées à la santé restent en effet « du domaine privé », a confirmé l’avocat.

Vincent Chiavetta affirme, cependant, que le SPW est en droit de collecter des informations face à l’absentéisme de ses employés. « Cette pratique reste légale si c’est parfaitement encadré et que les informations collectées ne sortent pas du domaine de l’employeur et des cadres dirigeants », a expliqué l’avocat.

« Mais cela constitue une atteinte à la vie privée quand il ne gère pas la confidentialité des données qu’il collecte », a précisé l’avocat.

Rappelant que le SPW comporte des métiers « difficiles », Jean-Marc Nollet juge toutefois nécessaire de mettre en place des mécanismes pour éviter les abus. « Il faut prendre le temps d’analyser, d’en discuter avec les syndicats », a-t-il commenté, rappelant que l’absentéisme pouvait aller jusqu’à 7 à 8 pc et coûtait de 19 à 20 millions d’euros. « Ces chiffres ne peuvent pas nous satisfaire », commente le ministre Ecolo.

Le Medex, le service de contrôle des absences pour maladie, « mène-t-il suffisamment de contrôles? « , interroge-t-il.

Jean-Marc Nollet donne raison aux syndicats qui s’opposent à la publication de données individuelles sur l’absentéisme. « Cela n’a pas lieu d’être (…) Quand quelqu’un est malade, il a droit à des congés. Mais je veux mettre en place des mécanismes pour éviter les abus », indique-t-il.

Des pratiques à première vue « très critiquables »

Ce serait « à première vue très critiquable » aux yeux de la Commission de la protection de la vie privée (CPVP), a déclaré mercredi son vice-président, Stefan Verschuere.

« A priori, c’est quelque chose de suspect et de stigmatisant pour le travailleur », a estimé Stefan Verschuere, pour qui cette problématique mériterait un « examen attentif ».

La divulgation d’une liste des personnes présentes, au sein d’une entreprise, est quelque chose de « plus concevable » pour le vice-président.

Dresser une liste des personnes absentes dans une entreprise pourrait se concevoir « dans l’organisation même des services », mais cela devrait être « indiqué dans le règlement de travail », a ajouté Stefan Verschuere.

Cependant, « les raisons de l’absence d’un employé n’ont pas à être connues, que ce soit lié à une maladie ou à autre chose », a précisé Stefan Verschuere.

Le Vif.be, avec Belga

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