Abattage sans étourdissement: La Wallonie s’alignera sur la Flandre

Le Vif

La Région wallonne devrait s’aligner sur l’accord politique intervenu en Flandre pour interdire l’abattage d’animaux sans étourdissement préalable – avec toutefois six mois d’avance -, dans un débat où l’Exécutif des musulmans se montre ouvert bien que sceptique, tandis que le Consistoire central israélite ferme la porte.

Le texte de compromis actuellement sur la table reprend les grands principes de l’accord issu de la médiation de Piet Van Themsche (ancien patron de l’AFSCA et du Boerenbond) au nord du pays, a expliqué le ministre du Bien-Être animal Carlo Di Antonio, en commission du parlement wallon. Ainsi, la règle générale pour tout abattage sera l’étourdissement préalable. Pour les abattages rituels spécifiquement, cet étourdissement sera réversible, par électronarcose. Le processus pour les ovins nécessitant encore quelques mois de mise au point, l’entrée en vigueur se ferait au 1er juin 2018 dans les abattoirs de Wallonie (la date du 1er janvier 2019 est évoquée en Flandre).

Pour les bovins, plus lourds, l’adaptation ne pourra se faire avant fin 2020, a expliqué le ministre cdH. De juin 2018 à fin 2020, la technique pour les bovins sera donc le « post cut stunning » (étourdissement juste après l’égorgement). Le député wallon Josy Arens (cdH), qui avait fait accélérer le débat en déposant une proposition de décret de même que Christine Defraigne (MR), adaptera sa proposition en ce sens, a-t-il indiqué, sous les yeux de membres de l’organisation de défense des animaux Gaia.

Un représentant de l’Exécutif des musulmans de Belgique a confirmé aux députés la nécessité rituelle, pour garantir une viande halal, que l’animal soit vivant avant d’entamer la saignée, et que cette dernière soit complète. Il a répété sa demande que l’électronarcose garantisse ces critères, ce qui n’est pas encore le cas à ses yeux actuellement. Mais l’Exécutif reste disposé au compromis. Côté juif, où la viande casher réclame aussi un rite strict d’abattage, le Consistoire avait eu des mots très durs il y a dix jours dans la presse, évoquant « une crise sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale » si les propositions flamandes et wallonnes venaient à être adoptées.

Invité à venir témoigner ce mardi au parlement wallon, son président Philippe Markiewicz a sollicité un report en raison de la Pâque juive. Il sera entendu jeudi. Mais aux yeux de Carlo Di Antonio, le blocage est « total » de la part du Consistoire. Le ministre relève toutefois que les abattages de ce type ne concernent que 600 bovins pour la Belgique et moins d’une centaine pour la Wallonie. Il n’y a donc pas à ses yeux de risque de pénurie d’approvisionnement en viande casher, a-t-il dit, sous-entendant que l’approvisionnement depuis l’étranger restait possible. Le représentant de l’Exécutif des musulmans avait aussi évoqué cette possibilité, ce qui motive les abattoirs de Belgique à trouver une solution de compromis vu l’importance de ce marché, a reconnu à mi-mots un représentant de la Fédération belge de la viande (Febev). Parallèlement à ce débat, le ministre travaille avec les abattoirs à la mise en place d’un système de vidéosurveillance et au renforcement des mesures de contrôle.

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