Roi de la ville en monoroue ? © Emmanuel Manderlier

À Bruxelles, splendeurs et misères de la micromobilité propre

Le Vif

Trottinette électrique, gyropode, monoroue, onewheel, gyroskate ou orni (objet roulant non identifié) ont envahi les rues de la capitale. Ce qui ne comporte pas que des avantages.

Ces moyens de transport propre, sans moteur thermique, utilisent l’huile de genou ou le moteur électrique. Leur encombrement minimum a un double bénéfice : se faufiler dans la circulation et éviter le vol puisqu’ils se transportent et se rangent facilement. Les trottinettes électriques y tiennent le haut du pavé avec 4 000 engins partagés. Jamais un service de mobilité n’a capté autant d’utilisateurs en si peu de temps : 220 000 km parcourus, 150 000 trajets d’une durée moyenne de 7 minutes et plus de 40 000 utilisateurs. Si la trottinette pollue 97 % moins que la voiture, sa durée de vie se limite à un petit mois et 227 kilomètres au compteur en moyenne. Une bonne affaire pour le secteur des batteries électriques, moins réjouissante pour l’environnement.

Autres gros bémols : le vandalisme, le chaos provoqué par leur abandon sur les trottoirs et les risques élevés d’accidents. Désormais interdites dans certaines capitales, tandis que Bruxelles a adopté certaines mesures restrictives : une vingtaine de rues du centre-ville sont interdites au stationnement des trottinettes, sous peine d’une amende de 200 euros et, pour les opérateurs, de la perte de leur licence. Certains se sont d’ailleurs retirés, laissant la place aux survivants les plus visibles aujourd’hui : Lime, Circ, Dott et Scooty.

4 000 trottinettes électriques sont disponibles.
4 000 trottinettes électriques sont disponibles.© HATIM KAGHAT

Sans permis = danger

Les monoroue, gyroroue, onewheel sont des engins gyrostabilisés sur une roue centrale : on se penche en avant pour accélérer, en arrière pour freiner et on se fait des abdos au passage. La roue pneumatique permet d’absorber les trous et autres obstacles que les petites roues de la trottinette subissent de plein fouet.

Chaînons manquants dans les déplacements du quotidien, les engins de déplacement motorisés peuvent occuper la totalité de l’espace public. Au niveau assurance, jusque 18 km/h, une RC familiale suffit. D’après le Code de la route, c’est la vitesse qui détermine quelle partie de la voie publique utiliser : sur le trottoir jusqu’à pas d’homme (6 km/h) ; sur la piste cyclable – lorsqu’il y en a une – ou la chaussée jusque 25 km/h maximum. Laurent Louis, 34 ans, photographe, fervent utilisateur de trottinette précise :  » Ça permet de passer de l’un à l’autre en fonction de la circulation et d’éviter les dangers, mais il faut toujours rester absolument concentré parce qu’on ne nous entend pas !  »

Le danger vient du fait que ces engins peuvent être utilisés par des gens qui n’ont pas de permis de conduire et ne connaissent pas le Code de la route. Fred Bonus est le fondateur de Wheels Angels, société qui propose des cours pratiques et théoriques :  » Une fois que vous maîtrisez un monoroue, vous êtes le roi de la ville. La difficulté de cet engin, c’est son apprentissage. En même temps, c’est un avantage parce qu’on apprend à être plus vigilant. Tout le monde sait faire de la trottinette et a du coup tendance à être moins prudent. Votre meilleure sécurité, c’est votre visibilité, avant même le casque : songez donc aux lumières et au gilet ! « 

Par Cilou De Bruyn.

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