Marie-Martine Schyns (à g.) et Alda Greoli (à dr.) ont remplacé Joëlle Milquet à l'Education et à la Culture. © DENIS CLOSON/ISOPIX

2016, l’année où Joëlle Milquet a baissé pavillon

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Les relations entre la justice et le monde politique ne se sont pas améliorées avec l’inculpation et la démission de l’ancienne ministre de l’Intérieur.

Elle ne croyait pas qu’elle tomberait. Pas si vite. Même après sa longue audition par le juge Frédéric Lugentz, jusqu’au milieu de la nuit du 16 février. Mais, lorsqu’à son retour de vacances pascales, elle a découvert la lettre officielle du magistrat dans sa boîte aux lettres, elle a tout de suite compris. Le président du CDH avait prévenu : s’il y a inculpation, il y aura démission. Joëlle Milquet a donc abandonné le superministère de l’Education qu’elle occupait depuis le dernier scrutin fédéral et régional et est retournée sur les bancs du Parlement, non sans dénoncer une  » attaque politique malveillante  » et un  » harcèlement judiciaire « .

Le dossier sur lequel elle a chuté concerne le recrutement, six mois avant les élections du 25 mai 2014, de huit collaborateurs, tous anciens candidats ou élus locaux du CDH bruxellois, pour faire campagne auprès de communautés d’origine étrangère à Molenbeek, Saint-Josse, Anderlecht ou encore Bruxelles-Ville. Un dossier révélateur d’un mode de fonctionnement où le clientélisme rejoint le communautarisme et d’un système où intérêt partisan et intérêt général se confondent.

Si ce système-là a vécu, il résiste à toute mutation. En 1999, le gouvernement arc-en-ciel Verhofstadt Ier avait pourtant tenté de réduire les cabinets ministériels pléthoriques à des cellules stratégiques plus modestes censées être une simple courroie de transmission entre le ministre et son administration. Mais, sabordée par les socialistes, cette réforme s’est résumée à un simple changement de nom des cabinets. Leur composition, elle, est restée inchangée. Si la majorité d’alors n’avait pas raté le coche, en serait-on arrivé, le 11 avril 2016, au séisme politique qu’a représenté la démission de la dame de fer du CDH ? Sans doute pas.

Aujourd’hui, Joëlle Milquet, qui compte renfiler sa toge d’avocate en pleine controverse sur les conflits d’intérêts des politiques, se défend en prétendant qu’il y a une ignorance de la réalité du monde politique de la part des magistrats et qu’avec son inculpation, c’est le fonctionnement de tous les cabinets ministériels de ce pays qui est en cause. Mais, si tous les cabinets fonctionnent comme la justice soupçonne que le sien fonctionnait en 2013, n’est-il pas urgent de remettre sur la table la réforme de 1999 ?

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