Image d'illustration © Reuters

Qui étaient les « vampires » retrouvés en Pologne ?

Le Vif

Des anthropologues ont découvert six tombes de « vampires » qui datent du 17 et 18e siècle dans la ville polonaise de Drawsko. Plusieurs éléments retrouvés sur les squelettes ont surpris.

Si le catholicisme a fait son apparition dès le 10e siècle dans ces contrées, certaines croyances ancestrales comme celles liées aux vampires étaient encore bien ancrées au 17 et 18e siècle. Rien de surprenant dès lors qu’on ait retrouvé de nombreuses tombes aux restes décorés de façon étrange lors de la dernière décennie. Ces décorations sont mieux connues dans le jargon comme apotropaïques. Selon la définition du Larousse ce terme « Se dit d’un objet, d’une formule servant à détourner vers quelqu’un d’autre les influences maléfiques ». Soit plus prosaïquement des amulettes qui servent à conjurer le mauvais sort.

Ces accessoires post-mortem avaient pour but d’empêcher les personnes suspectes de revenir hanter les vivants après leur mort. Pour éviter que cela n’arrive, on leur plantait, par exemple, des clous ou des pieux dans le corps, on les décapitait ou on les démembrait puisqu’on pensait que de cette façon il se déplacerait moins facilement. Il arrivait aussi qu’on les noie sous une montagne de caillasses.

Les squelettes retrouvés en Pologne avaient effectivement une pierre dans la mâchoire, une faucille autour du cou pour les empêcher de se lever après leur mort et une pièce dans la bouche. Des éléments qui ont fait croire aux chercheurs qu’on se trouvait face à des vampires, ou du moins des personnes suspectées par la population de cette époque comme telle. Les chercheurs ont publié dans la foulée leurs conclusions dans le magazine scientifique Plos One.

Mais Mostert, professeur à l’université d’Utrecht, trouve cette explication trop simpliste et s’en explique dans het Volksblad et De Morgen. « Ce qui me surprend c’est que ces chercheurs ont justement déterré des éléments qui insinuent pour le moins le doute face au fait que l’on se trouve effectivement face à des vampires. Par exemple les pièces retrouvées dans la bouche des squelettes indiqueraient plutôt l’idée que l’on se trouve confronté à une vieille tradition qui remonte au grec et qui permettait aux morts de payer Charon pour qu’ils puissent passer le Styx, une rivière qui sépare le monde des vivants des Enfers. Cela n’a que peu à voir avec les croyances classiques autour des vampires. De même que la faucille sur la gorge est aussi inattendue ou encore le fait que ces personnes suspectées de vampirisme aient été placées parmi d’autres tombes. »

Mais la découverte la plus surprenante des scientifiques, toujours selon le professeur, était le fait que les squelettes étaient issus de personnes vivant dans la région. Or ceux qui étaient accusés de vampirisme étaient souvent des étrangers ou des gens de passage comme le précise encore Mostert. Les autres motifs qui pouvaient pousser la population à croire qu’on était un vampire étaient le fait d’avoir un physique repoussant, un comportement étrange, d’être un bâtard, s’être suicidé ou de mourir en premier lors d’une épidémie. « Tous ces éléments me font croire que les chercheurs ont un peu trop vite conclu à des vampires et qu’il s’agit probablement d’une autre croyance nettement moins ténébreuse » conclut le professeur.

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