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En 2020, les prévisions météo vont faire un pas de géant

Le Vif

La prévision météorologique à moyen terme va faire l’an prochain un pas de géant avec l’arrivée en Italie d’un nouveau super calculateur, parmi les plus puissants du monde, assure une experte en la matière, Florence Rabier.

Le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, un organisme intergouvernemental européen dont Mme Rabier est la directrice générale, va s’équiper en 2020 d’un puissant ordinateur capable d’analyser en un temps record des milliards d’informations.

Déjà, depuis une semaine, ce centre a gagné trois heures sur la pertinence de ses prévisions, a expliqué Mme Rabier dans un entretien à l’AFP.

« Nous sommes passés de 27 à 30 heures, or, plus on prévoit loin, plus on est en mesure d’anticiper les événements météo extrêmes », ce qui peut sauver des vies, explique cette ingénieure météorologue.

Trois heures de gagnées pour l’évacuation d’une ville menacée par un ouragan, « ça peut compter », insiste la directrice générale de cet organisme, basé au Royaume-Uni, mais qui va déménager son centre de calcul l’an prochain à Bologne dans le centre de l’Italie, où ce nouvel équipement est attendu. Il sera loué pendant quatre ans, obsolescence technologique oblige, pour un budget total de 70 millions d’euros.

Mais, avertit aussitôt Mme Rabier, « un euro investi rapporte dix à cent fois plus » en termes économiques. Une prévision météorologique plus fine, notamment en termes de températures, permet de mieux prévoir quelle quantité d’énergie il faudra dépenser pour faire face à une brusque remontée du thermomètre ou à une vague de froid.

C’est particulièrement intéressant en ce qui concerne les énergies renouvelables et la production d’électricité, très difficile à stocker, fait-elle valoir.

« Savoir si la mousson sera intense ou non » a aussi des conséquences importantes pour des millions d’hommes dans le sous-continent indien, relève encore cette experte, qui a effectué toute sa carrière à Météo-France avant de prendre la tête de cette agence en janvier 2016.

Et si ce centre vend certaines de ses informations à des clients privés, européens mais aussi chinois ou américains, il les offre gratuitement en cas de catastrophe climatique imminente.

La prévision météorologique requiert des moyens informatiques énormes en raison du nombre de données à traiter. Elle s’établit à partir d’observations dans l’atmosphère, « découpée en milliards de petits cubes », dont chaque composant est ensuite transformé en équations physiques et en modèles mathématiques. « Donc, plus le cube est petit, plus le calcul est précis », explique Mme Rabier.

Avec le nouvel ordinateur attendu à Bologne, les cubes ne couvriront plus une superficie de 18 km2, mais de 10 km2, ce qui permettra d’affiner considérablement la prévision, en matière par exemple de précipitations, avec toutes les conséquences que cela peut avoir pour l’agriculture.

Les prévisions météorologiques sont désormais à 85% fiables à sept jours, mais on peut déjà donner une tendance à plusieurs mois.

Le centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (European Centre for Medium-Range Weather Forecast) est soutenu par 34 Etats européens dont 22 sont membres de son conseil directeur. Il est basé à Reading en Grande-Bretagne, à moins que le Brexit ne change la donne.

Organisme inter-gouvernemental ne dépendant pas directement de l’Union européenne, rien ne l’oblige à quitter la Grande-Bretagne. Il réfléchit néanmoins à un déménagement de certaines de ses activités, notamment celles liées et financées par l’Union européenne, dans le cadre du programme Copernicus de surveillance de l’atmosphère, même si rien n’est encore décidé, assure sa directrice.

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