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Covid: le nouveau variant inquiète les scientifiques, « un profil de mutation terrifiant »

Les scientifiques ont détecté un nouveau variant du coronavirus en Afrique du Sud. Celui-ci s’écarte de manière inquiétante du variant delta qui domine actuellement. L’OMS se réunit ce vendredi pour déterminer si le variant, dont un cas a été détecté en Belgique, doit être classifié comme « préoccupant » ou « à suivre ».

De quel variant s’agit-il?

Les scientifiques considèrent que B.1.1.529 est le « pire variant » depuis le début de la pandémie. Les scientifiques ont détecté pas moins de 32 mutations dans la protéine S (la partie du virus qui pénètre dans les cellules humaines et qui est utilisée par la plupart des vaccins pour entraîner le système immunitaire contre le covid-19). C’est presque deux fois plus que pour le variant delta.

Peut-être que le nouveau variant, actuellement connu sous le nom de B.1.1.529, se verra attribuer la lettre suivante dans le système de dénomination grec, déclare Tulio de Oliveira, directeur du Centre for Epidemic Response & Innovation, qui a également été le premier à identifier le variant bêta (l’ancien variant sud-africain) en décembre 2020. Selon lui, le nouveau variant a subi « un grand saut évolutif » et provient d’une personne dont le système immunitaire est affaibli et qui a lutté contre le virus.

Où se situe le variant?

Dans la province sud-africaine de Gauteng, le nouveau variant semble déjà responsable de 90 % des infections en moins de deux semaines. Pour l’instant, il n’y a qu’une centaine de cas. Le virus pourrait également être présent dans les huit autres provinces du pays.

Cela en dit évidemment peu sur la contagiosité. En Afrique du Sud, à peine 24 % de la population a été entièrement vaccinée et beaucoup de gens n’ont toujours pas acquis d’immunité, même si un nombre considérable de Sud-Africains ont déjà eu le covid.

La mutation s’est également propagée dans des pays tels que le Botswana, le Zimbabwe et la Namibie. Deux infections avec ce variant ont également été signalées à Hong Kong et une en Israël.

Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a annoncé vendredi qu’un cas confirmé de ce nouveau variant avait été détecté dans notre pays le 22 novembre. « La prudence est nécessaire, mais pas la panique », estime-t-il.

A quel point devons-nous être inquiets ?

Le profil de mutation de la protéine S est « vraiment terrifiant« , déclare sur Twitter le virologue Tom Peacock de l’Imperial College London. « Ce variant contient non pas une mais deux mutations au niveau du site de clivage de la protéase furine », explique Peacock. La furine protéase est un protéïne de nos cellules que le SRAS-CoV-2 oblige à découper une série d’acides aminés dans la protéine S du virus. Le site de clivage de la protéase furine est l’une des principales caractéristiques de covid-19 qui le rendent si infectieux. « C’est la première fois que deux de ces mutations se produisent dans un seul variant », déclare Peacock. Toujours selon le virologue, il existe des preuves que le virus a récupéré un tout petit morceau d’ARN humain. « Ce n’est pas si inhabituel pour les virus, mais c’est intéressant. »

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Bien que les mutations soient connues, les scientifiques ne connaissent pas encore ses conséquences exactes. Ce qui est important, c’est la combinaison des mutations. Le variant bêta a pu échapper à l’immunité acquise, mais pas plus que ça. Delta s’est avéré très infectieux, mais n’a pu échapper que de façon limitée au bouclier vaccinal. Ce nouveau variant posséderait les deux propriétés à un degré élevé.

Pour l’instant, il ne s’agit que de suppositions, mais les scientifiques considèrent effectivement qu’il n’est pas improbable que ce variant soit moins facilement reconnu par les anticorps neutralisants liés aux variants antérieurs. Les vaccins originaux sont en effet basés sur le variant de Wuhan. L’entreprise pharmaceutique allemande BioNTech attend les premiers résultats d’une étude sur l’efficacité du vaccin Pfizer-BioNTech contre le nouveau variant dans deux semaines au plus tard.

La bonne nouvelle, c’est que le nouveau variant est très facile à détecter grâce à un test PCR et ne nécessite pas de séquençage génétique. Il est donc très facile d’en assurer le suivi.

Quelles mesures pour endiguer le variant ?

Plusieurs pays – tels que le Royaume-Uni, l’Italie, Singapour, Israël et l’Allemagne – ont déjà pris des mesures, en interdisant la venue de voyageurs venant d’Afrique australe.

Le Premier ministre Alexander De Croo a indiqué que la Belgique allait elle aussi instaurer de nouvelles limitations aux voyages entrants à partir de l’Afrique australe. « Nous activons une procédure à ce sujet », a-t-il brièvement communiqué. Cela donnera, selon ses explications, une quarantaine obligatoire de 10 jours pour ceux qui reviennent de cette région et résident en Belgique, et une « interdiction » d’entrée pour les non-résidents. Il n’a pas précisé quels pays, exactement, seraient concernés.

Des réunions à ce sujet sont prévues au niveau européen ce vendredi après-midi, pour tenter de coordonner les réponses des États membres. La Commission européenne a déjà recommandé d’activer le « frein d’urgence » pour les arrivées d’Afrique australe.

Faut-il adapter les vaccins?

Le régulateur européen a déclaré vendredi qu’il est « prématuré » de prévoir une adaptation des vaccins au nouveau variant. « Il est prématuré à l’heure actuelle de prévoir l’adaptation des vaccins (…) afin de lutter contre ce variant émergent », a déclaré auprès de l’AFP l’Agence européenne des médicaments (EMA).

Yves Van Laethem: « Trop tôt pour savoir si le nouveau variant sud africain est une menace »

Le porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid-19, Yves Van Laethem a indiqué vendredi lors d’une conférence de presse qu’il était « trop tôt pour savoir quelle place prendra ce variant en Europe ou le taux de vaccination est largement supérieur ».

Signalé jeudi en Afrique du Sud, ce nouveau variant, potentiellement très contagieux, a déjà été signalé en Israël et, désormais, en Belgique, premier pays européen à faire état de la présence du variant « nu » sur son territoire. Toutefois, les informations sur cette souche du virus ne sont pas assez complètes pour affirmer qu’il représente une menace « Nous aurons plus de renseignements d’ici deux à trois semaines », a expliqué Yves Van Laethem.

« Actuellement on ne peut pas conclure qu’il s’imposera ici aussi, nous avons déjà eu des cas similaires d’alertes concernant des variants qui ne se sont finalement pas imposés en Europe, le péruvien par exemple ».

« Toutefois, si ce variant s’avère problématique, je pense qu’il est crucial de maitriser cette quatrième vague le plus vite possible afin que cette nouvelle souche ne vienne pas engorger encore plus les services hospitaliers », poursuit le clinicien. « Il faudra prendre des précautions au niveau belge et européen pour prévenir l’arrivée du variant ‘nu’ « .

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