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Un médecin ouvre une pharmacie solidaire

Conscient des difficultés rencontrées par les patients précarisés pour se procurer des médicaments, le Dr David Bouillon a ouvert une pharmacie solidaire au sein de la Maison médicale de Ghlin. Cette remise dans le circuit de médicaments inutilisés rencontre déjà un beau succès.

Depuis près d’un an la Maison médicale de Ghlin a mis sur pied une série de services et de dispositifs pour aider les patients fragilisés (personnes âgées, isolées, SDF…) à accéder facilement aux soins : taxi social, consultations de médecins spécialistes (psychiatre…), soins palliatifs à domicile…

Le dernier projet porté par le Dr Bouillon et son équipe est particulièrement original. La maison médicale a créé une pharmacie d’urgence pour les plus fragilisés. Le Dr Bouillon a invité ses confrères généralistes, les infirmiers et pharmaciens locaux et les patients à déposer des médicaments inutilisés (non périmés) à la maison médicale afin d’aider les personnes précarisées à se soigner.

Le dynamique généraliste a écrit à Maggie De Block pour l’interpeller sur la problématique de la destruction des médicaments non périmés dans notre pays. « L’arrêté royal du 21 janvier 2009 donne pour instruction aux pharmaciens de détruire les médicaments rapportés par les patients. En 2015, 520 tonnes de médicaments récoltés ont été détruits dont une partie non négligeable n’était pas périmée », souligne le Dr Bouillon. « En tant que médecin généraliste engagé sur le terrain depuis 27 ans et assurant plus de 100 gardes par an, je constate un nombre de plus en plus important de patients en extrême pauvreté étant dans l’impossibilité financière de payer leur médicament à la pharmacie en temps réel. »

Pour David Bouillon, cette situation est inacceptable car elle éloigne des patients déjà en souffrance du traitement adéquat. « Sans être soignées à temps, ces personnes sont poussées quelques semaines plus tard à se rendre aux urgences des hôpitaux. Ce retard engendre non seulement pour le patient une dégradation plus importante de son état de santé, liée à des risques parfois irréversibles, mais un coût considérable pour la sécurité sociale. »

Pharmacie solidaire : succès populaire

Ouverte il y a quelques semaines, la pharmacie solidaire de la Maison médicale de Ghlin rencontre un beau succès. De nombreux médicaments ont été récoltés, triés et répertoriés et certains déjà redistribués.

Le Dr Bouillon, à l’origine de ce projet ne cache pas que quelques pharmaciens locaux n’apprécient pas cette initiative. « Je ne me substitue pas aux pharmaciens! Notre action est d’ailleurs soutenue par un pharmacien de Ghlin qui se charge de la destruction des médicaments dont nous n’avons pas besoin en suivant les dispositions réglementaires », argumente David Bouillon. Cette initiative ayant été médiatisée, la maison médicale a même été contactée par un hôpital psychiatrique de la région qui, durant le pont du 15 août, n’avait pas de médicament à fournir à un patient psychotique. « J’en avais justement une boîte dans notre stock. J’ai pris ma voiture et j’ai été porter le médicament à l’hôpital ».

L’initiative suscite également l’intérêt de la Ville de Mons. « Nous avons lancé ce projet mais nous espérons qu’il puisse être repris par des acteurs institutionnels », souligne le Dr Bouillon.

En plus de la délivrance de médicaments aux personnes précarisées, la maison médicale leur propose également des vêtements.

Un exemple ?

David Bouillon a écrit à Maggie De Block pour lui présenter son projet de pharmacie solidaire et lui demander de réfléchir à une possible extension de ce système. « Si la loi permettait, à titre d’exemple, aux maisons médicales de récupérer ces médicaments non périmés et de constituer des pharmacies solidaires aux patients en extrême pauvreté, imaginez les économies que réaliseraient l’Inami et la sécurité sociale… », a-t-il suggéré à la ministre de la Santé publique et des Affaires sociales. Il l’a invitée à venir à Ghlin pour lui présenter son projet.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site internet du Journal du Médecin.

Vincent Claes

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