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Traitements covid : des pistes, des essais cliniques… et des résultats ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Hydroxychloroquine , Remdesivir, Lopinavir-ritonavir… L’arrivée du nouveau coronavirus a donné lieu à une accélération de la recherche pour trouver un traitement efficace contre le covid. Si nombre d’entre eux se sont avérés inefficaces, certaines avancées prometteuses démontrent néanmoins l’importance de ces essais cliniques randomisés à grande échelle.

Une percée scientifique ?

Si on doit parler de « course » au meilleur traitement, c’est la dexaméthasone qui demeure, à l’heure actuelle, l’un des médicaments les plus prometteurs dans la lutte contre le covid. On estime en effet que ce médicament – qui appartient à la famille des corticostéroïdes – a permis de réduire le taux de mortalité chez les cas graves.

La dexaméthasone aurait ainsi sauvé environ 650.000 vies à travers le monde, selon le professeur Martin Landray, fondateur du programme Recovery – le plus grand essai randomisé au monde sur les médicaments Covid-19. C’est d’ailleurs à l’occasion de cet essai clinique que les effets de la dexaméthasone ont été évalués.

Les chercheurs ont tiré trois constats importants :

  • La mortalité des malades les plus affectés – ceux sous ventilation artificielle – est réduite d’un tiers ;
  • La mortalité des malades non intubés, mais à qui on administrait de l’oxygène par masque, est réduite d’un cinquième ;
  • Il n’apporte aucun bénéfice notoire pour les patients qui ne reçoivent aucune assistance respiratoire.

Et pour cause, la dexaméthasone est principalement employée pour ses effets anti-inflammatoires au niveau des poumons. Il est donc tout à fait naturel que son efficacité soit davantage marquée chez les patients ayant besoin d’une assistance respiratoire. «  Une mort sur huit pourrait être évitée grâce à ce traitement chez les patients placés sous ventilation artificielle « , ont déclaré les chercheurs.

Aujourd’hui, ce traitement est reconnu par plusieurs organisations de la santé. Notamment l’OMS, qui a salué cette « percée scientifique » et encouragé les fabricants à multiplier la production de ce puissant corticostéroïde. Le 18 septembre, l’Agence européenne du médicament a même validé son utilisation chez les adultes et les adolescents qui nécessitent une oxygénothérapie supplémentaire.

Pas la panacée, mais…

Parmi tous les essais cliniques réalisés, la dexaméthasone reste jusqu’à présent le seul traitement ayant réellement prouvé son efficacité.

L’essai Solidarity, mis sur pied par l’OMS, a notamment évalué l’efficacité de quatre traitements (remdésivir, hydroxychloroquine, lopinavir/ritonavir et interféron), mais aucun d’entre eux n’a fait ses preuves. Les résultats provisoires de l’essai Solidarity ont en effet montré que ces quatre médicaments n’avaient que peu ou pas d’effet sur la mortalité globale, la mise en route de la ventilation et la durée du séjour à l’hôpital chez les malades hospitalisés.

Si ce taux de réussite semble peu convaincant, le nombre impressionnant de vies sauvées grâce à cet unique traitement suffit à démontrer l’importance des essais cliniques randomisés. D’autant que ces essais auront sans doute permis de gagner du temps et de l’argent, qui auraient potentiellement été investis dans d’autres médicaments peu ou pas efficaces.

« Lorsque nous avons commencé l’essai Recovery, nous avons examiné des médicaments bon marché, largement disponibles mais prometteurs, et nous avons découvert que l’un d’entre eux – la dexaméthasone – fonctionnait. Mais les médicaments que nous examinons actuellement coûteront des centaines d’euros par traitement, nous devons donc être vraiment sûrs qu’ils fonctionnent avant de les déployer à grande échelle « , a déclaré Landray au média The Guardian.

D’autres recherches en cours

  • Les anticorps dits « monoclonaux » : ils sont fabriqués en laboratoire. Injectés en intraveineuse, ils sont censés épauler le système immunitaire pour neutraliser le coronavirus.On ne sait pas encore à quel stade de la maladie ils doivent être administrés.
  • Plasma : il s’agit de transfuser à des malades du plasma (la partie liquide du sang) prélevé sur des personnes auparavant contaminées mais désormais rétablies, afin qu’ils bénéficient de leurs anticorps. Des résultats quant à l’efficacité de ce traitement devraient être disponibles dans quelques semaines.
  • Le tocilizumab : il s’agit d’un médicament anti-inflammatoire contre l’arthrite que l’on pense être très prometteur, bien que ses bénéfices exacts soient encore inconnus. Les chercheurs espèrent qu’il pourra lutter contre le phénomène inflammatoire responsable des cas les plus graves.
  • La colchicine : c’est un autre médicament anti-inflammatoire prometteur; souvent utilisé pour traiter la goutte.
  • · L’aspirine : très connu, il s’agit d’un agent anticoagulant qui pourrait aider à réduire les caillots de sang dans les poumons – une complication inquiétante dans certains cas de Covid-19.

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