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Pourquoi les hommes sont-ils plus réticents que les femmes à porter le masque ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Des études montrent que les hommes ont tendance à refuser de porter des équipements de protection individuelle. Pourtant, dans la plupart des pays, les taux de décès sont plus élevés chez cette tranche de la population. Serait-ce par excès de confiance, ou par peur de paraître faible ?

L’économiste canadien Valerio Capraro et la mathématicienne américaine Hélène Barcelo ont mis à nu un nouveau fossé entre les sexes qui a largement été observé durant la pandémie. Leur récente analyse du comportement masculin montre que les hommes sont moins susceptibles que les femmes de porter le masque en cette période de coronavirus. Une tendance qui a également été observée lors d’épidémies précédentes.

C’est d’autant plus surprenant que dans la grande majorité des pays où les données sont disponibles, les taux de mortalité sont notablement plus élevés chez les hommes. Pourquoi certains hommes sont-ils si peu enclins à en porter un?

Une fierté mal placée ?

Les chercheurs ont interrogé près de 2500 personnes aux États-Unis et ont constaté qu’une plus grande majorité d’hommes déclaraient ne pas porter de masques. Une tendance observée « en particulier dans les localités où le masque facial n’est pas obligatoire« , explique le Dr Capraro, à la BBC. Les participantes montraient, quant à elles, deux fois plus l’intention de porter un masque en sortant de leur domicile, pour participer à des activités sociales ou rencontrer des personnes d’autres ménages.

Quant aux raisons de ce refus catégorique, les sondés ont répondu que porter un masque est perçu comme « honteux«  « pas cool  » ou encore comme un « signe de faiblesse « . Une autre raison est qu’ils considèrent qu’ils seront « relativement moins affectés par la maladie que les femmes, a expliqué Valerio Capraro, ce qui est particulièrement ironique quand on sait que les chiffres officiels montrent que le coronavirus affecte plus sérieusement les hommes que les femmes. « 

Mauvaise perception du risque ?

Pendant l’épidémie de SRAS en Chine (2004), une étude avait déjà montré cette tendance masculine du refus du port du masque. D’autres études ont constamment montré que les hommes avaient également tendance à moins se laver les mains, l’une des mesures d’hygiène essentielles pour aider à prévenir la propagation de Covid-19.

Des données qui n’ont pourtant pas l’air de choquer Christina Gravert, spécialiste du comportement et professeur adjoint à l’Université de Copenhague. Selon elle, de nombreux travaux universitaires montrent que les hommes et les femmes abordent le risque différemment. Comme exemple, la chercheuse cite notamment une situation particulière observée dans la capitale danoise : « Pendant la pandémie, les sentiers pédestres de Copenhague ont été transformés en rues à sens unique afin que les gens ne se fassent pas face lorsqu’ils courent ou marchent. J’avais l’impression que davantage d’hommes que de femmes se trompaient de sens. » Preuve que les femmes sont plus attentives que les hommes.

Une tendance qui se traduit aussi dans la vie réelle : certaines assurances automobiles coûtent moins cher pour les femmes, et cela, parce que les hommes sont à l’origine de la plupart des accidents de la route dans le monde.

Le masque est désormais obligatoire dans les commerces belges.
Le masque est désormais obligatoire dans les commerces belges.© belga

L’égoïsme au service de la sécurité sanitaire

Pour encourager les hommes à porter le masque, Christine Gravert estime que les campagnes de sensibilisation ciblant le public masculin ont du potentiel : « Si l’excès de confiance est le problème, alors cela [les campagnes] pourrait aider à sensibiliser les hommes aux statistiques, et leur montrer qu’ils souffrent plus de la Covid-19 que les femmes« , dit-elle.

Bref, il s’agirait de davantage focaliser le projecteur sur les hommes et sur la protection de leur santé. « Si l’on prend en compte le fait que les hommes sont en moyennes moins altruistes et plus égoïstes, alors la promotion du port du masque devrait également moins s’orienter vers la protection d’autrui mais bien vers celle de soi « , estime la scientifique comportementale.

Pour les plus récalcitrants, faire pression semble être la solution la plus évidente, par exemple en rendant le masque obligatoire, comme c’est déjà le cas en Belgique.

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