La rue Neuve à Bruxelles © Belga

Pourquoi avons-nous de plus en plus de difficultés à respecter les mesures contre le coronavirus

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La semaine dernière, une étude de l’Université de Gand révélait que le soutien de la population aux mesures contre le coronavirus est tombé à 53%. Depuis l’entrée en vigueur des premières phases du déconfinement, on constate en effet que les gens sortent beaucoup plus de chez eux qu’en début de confinement, et qu’il y a beaucoup de monde dans les rues commerçantes et les parcs.

Les chercheurs s’inquiètent de cette baisse de motivation d’autant que le succès de la stratégie de sortie de crise dépend principalement de la motivation à continuer à respecter les mesures. Les jeunes de moins de 35 ans sont moins enclins à respecter les normes que leurs congénères plus âgés.Pourtant, le 24 mai, même si la tendance à la baisse semble se confirmer, il y avait toujours 1 334 patients hospitalisés, et 32 personnes sont encore décédées du coronavirus. Et les virologues ne cessent de mettre en garde contre une seconde vague.

Optimisme

À en croire le quotidien De Morgen, ce relâchement est lié à un trait de caractère typiquement humain : un optimisme inébranlable. Si l’optimisme est généralement considéré comme une qualité positive qui protège contre la dépression et nous rend plus résistants au stress, il peut nous empêcher de respecter les mesures destinées à endiguer la propagation du coronavirus.

À présent que les chiffres s’améliorent, les optimistes aimeraient croire que tout ira bien, qu’il y aura bientôt un vaccin et que l’on retrouvera nos habitudes du passé. Professeur en psychologie (UCLouvain), Olivier Luminet reconnaît que c’est pour les plus grands optimistes que cette période est la plus difficile.

« Nous pensons que nous serons en mesure de faire face à une seconde vague », explique le professeur en psychologue Maarten Vansteenkiste (Université de Gand) au journal De Morgen. En outre, l’humain aurait davantage tendance à réagir aux menaces aiguës et visibles telles que les attentats ou une explosion du nombre de décès dus au coronavirus. Il réagit nettement moins aux dangers insidieux tels que le réchauffement climatique ou la possibilité d’une seconde vague.

Piscines italiennes

Le fait que l’Italie rouvre ses frontières le 3 juin, et à présent même ses salles de sports et ses piscines, incite également les gens à relâcher leurs efforts. Ils se disent que si un pays touché aussi durement par le virus, déconfine aussi rapidement c’est que le danger s’éloigne.

À cela s’ajoute que l’on a plus facilement tendance à faire confiance à ses proches alors que « le vrai risque, ce n’est pas l’étranger au supermarché, mais bien la famille et les amis », met en garde le virologue Steven Van Gucht. « On voit qu’un inconnu est considéré comme très dangereux alors qu’un proche, qu’on a très envie de voir, est considéré en meilleure santé », constate également Fanny Parise, anthropologue et auteure d’une étude sur le confinement en France et en Suisse.

Cependant, comme le souligne Maarten Van Steenkiste, la peur du virus n’a pas disparu. « Nous nous méprenons sur les images de foules alors que la majorité des gens suit encore anxieusement les règles », explique le professeur de psychologie sociale, Alain Van Hiel (Université de Gand). « Mais ce sont précisément ces images qui peuvent rapidement faire en sorte que ce genre de comportement fasse des émules. C’est peut-être déjà le cas. Parce que nous les interprétons comme la norme. Et quand vous voyez l’agitation à la télévision, vous vous sentez vite stupide et irrationnel de rester enfermé chez vous ».

Les psychologues estiment cependant que si les chiffres repartent à la hausse, nous allons à nouveau nous enfermer, même s’il sera alors très tard pour intervenir, vu que les effets de notre comportement ne se voient pas immédiatement dans les courbes.

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