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La tendance mondiale est aux petites familles, reflet de la liberté de procréation (Onu)

Lorsqu’ils ont le choix, les individus optent pour des familles moins nombreuses, ressort-il du rapport 2018 sur l’État de la population mondiale publié mercredi par l’agence onusienne pour la santé sexuelle et procréative (UNFPA) et présenté à Bruxelles. Les taux de fécondité ont diminué presque partout dans le monde au cours des 150 dernières années et, particulièrement, depuis les années ’60.

Tereza Correia de Melo, une Brésilienne âgée de 87 ans, a vécu 22 grossesses, donné naissance à 15 enfants et subi sept avortements. « Je ne savais même pas que je pouvais avoir un enfant en ayant des rapports avec un homme », témoigne-t-elle dans une vidéo de l’UNFPA.

Deux générations plus tard, Aretha, une habitante de São Paulo de 38 ans, a planifié précautionneusement ses deux grossesses. « Nous avons toujours tenu compte des aspects financiers liés aux enfants », expose-t-elle. « Nous ne pouvions pas nous permettre d’en avoir plus de deux, alors mon mari a subi une vasectomie. »

Comment expliquer un taux global de fécondité, dans de nombreux pays, de 2,1 naissances par femme en âge de procréer après des millénaires de fécondité élevée?, s’interroge le Fonds des Nations Unies pour la population dans son rapport 2018.

Si ce taux était de 4,7 enfants par femme en 1970 dans le monde, il n’était plus que de 2,5 en 2013, souligne en effet Patrick Deboosere, sociologue à la VUB.

Baisse de la mortalité infantile, évolution des modèles de travail, meilleur accès à l’alimentation, à la santé et à l’éducation, en particulier pour les femmes, constituent des éléments de réponse, auxquels se superpose le plus récent « droit à la planification familiale ».

« Il s’agit pour un individu de pouvoir décider s’il veut des enfants, quand ou encore combien », souligne Sietske Steneker, directrice du bureau bruxellois de l’UFNPA. C’est cette notion de choix qui se retrouve au coeur du rapport annuel de l’organisme.

Ce choix s’articule différemment en fonction des régions du monde. Dans les pays plus développés d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord, les droits reproductifs sont généralement respectés, les droits des femmes ont progressé et les niveaux d’éducation et de revenu sont meilleurs qu’ailleurs.

Pénurie de logements

Toutefois, les familles se heurtent notamment à des pénuries de logements, un marché de l’emploi incertain et des disparités dans l’accès aux services de garde d’enfant, qui limitent la liberté d’avoir ou non un ou plusieurs enfants. Dans ces pays, le taux de fécondité est considéré comme « faible » (moins de 2,1 enfants par femme) depuis longtemps. Ainsi, en Belgique, ce taux est de 1,8 enfant par femme en 2018.

En Afrique sub-saharienne, en Afghanistan, en Irak et au Yémen, qui présentent un taux élevé de fécondité (plus de quatre naissances par femme), les principaux obstacles à la planification familiale sont la pauvreté, l’accès à la santé et à l’éducation, la discrimination sexiste, le mariage précoce, qui mène également à des grossesses précoces. En 2018, le Niger présente le taux de fécondité le plus élevé (7,1), suivi de la Somalie (6,1) et du Tchad (5,7).

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