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La Belgique est championne en surconsommation médicale

La Belgique est l’un des pays où l’on pratique le plus d’examens médicaux inutiles. Selon Paul Parizel, chef de la section radiologie à l’hôpital universitaire d’Anvers, cela est dû au système de remboursement.

La Belgique excelle dans un domaine bien particulier : celui de l’imagerie médicale inutile. On pratique en effet à outrance radiographies, échographies et scanners. Il y a cinq ans, le Centre fédéral de connaissances sur les soins de santé s’était déjà plaint du fait que le nombre de tomodensitomètres (scanner en langage courant) effectués dans notre pays était 40 % plus élevé que dans un pays européen lambda. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, en 2017, nous avons atteint un pic absolu, avec 201 scanners pour 1000 habitants. À titre de comparaison, il n’était que 94 pour 1000 aux Pays-Bas cette même année.

Les directives internationales dans ce domaine stipulent qu’on ne demande un examen radiologique que si l’on soupçonne une blessure spécifique et que le reste de la thérapie en dépend. Une radiographie, une échographie ou un scan montre souvent quelque chose de bizarre. Cela peut induire le médecin et le patient en erreur « , explique Koen Peers, médecin du sport et de la rééducation à l’UZ Leuven. En effet, personne n’a un corps parfait.

« C’est exact », déclare Paul Parizel, responsable de la radiologie à l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA). Si vous effectuez 20 radios ou examens de laboratoire différent sur une personne « saine », vous avez 66 pour cent de chances qu’au moins une « anomalie » soit découverte. C’est encore plus vrai pour la population âgée. Avec l’avènement des scanners et des images de plus en plus précises, de telles découvertes sont devenues beaucoup plus nombreuses. Quelle est l’importance de ces constatations dites aléatoires ? Ces anomalies sont-elles forcément la cause de la douleur ? Autant de choses difficiles à estimer et qu’il faut à chaque fois aller vérifier. Ce qui peut à son tour entraîner des examens superflus et des opérations inutiles.

Parizel souligne également que la radiologie devient de plus en plus complexe et que les médecins sont de moins en moins familiers avec l’explosion des nouvelles techniques. Doivent-ils choisir une radiographie ordinaire, une échographie ou peut-être une tomodensitométrie, une TEP ou une IRM ? Pendant leur formation, on ne leur enseigne pratiquement rien à ce sujet. La plupart du temps, ils n’ont par ailleurs aucune idée des doses de rayonnement auxquelles ils exposent leurs patients.

Il existe pourtant des outils qui permettent aux radiologues de déterminer rapidement quelle technique est la plus appropriée. Mais tant que notre médecine est basée sur des remboursements par performance, c’est-à-dire par scan, cette approche risque de rester lettre morte. Dans les pays anglo-saxons, où vous n’avez pas un tel système de remboursement, il y a beaucoup moins d’examens et d’interventions inutiles. Cette débauche est-elle forcément une question d’argent ? « Il est possible que le secteur de la radiologie soit un peu trop devenu un business « , conclut Parizel,  » et plus suffisamment une technique de soin ».

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