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Covid: pourquoi une quatrième dose ne devrait (probablement) pas succéder à une troisième

En Israël, sorte de laboratoire géant, l’administration d’une quatrième dose a débuté. Mais les résultats seraient décevants. Tant que maintenant, une quatrième injection ne serait pas (tout de suite) à l’ordre du jour. L’immunologiste Sophie Lucas (UCLouvain) balise les espoirs raisonnables liés aux nouveaux vaccins contre le coronavirus.

Grâce à son accord avec le géant pharmaceutique Pfizer, Israël fait un peu office de laboratoire géant pour le reste du monde. L’État hébreu vient de donner son feu vert, non sans débats, à l’administration d’une quatrième dose pour deux catégories de personnes : le personnel médical et les Israéliens de plus de 60 ans.

Les résultats préliminaires, avec ce nouveau booster, sont réels, mais pas mirobolants, d’après le Pr Gili Regev-Yochay, à la tête de la recherche soutenue par le ministère israélien de la Santé. Celle-ci a débuté fin décembre au centre hospitalier Sheba, près de Tel-Aviv. Six mille patients et 150 membres du staff médical ont reçu une quatrième injection vaccinale. A première vue, les résultats – la multiplication par cinq des anticorps – sont « bons mais pas suffisants. ».

Peu après l’administration de la quatrième dose de vaccin, le niveau d’anticorps a retrouvé le niveau qu’il avait juste après la troisième dose. La chercheuse en chef de Sheba estime cependant que le second booster est bénéfique aux groupes vulnérables, comme les personnes immunodéprimées ou les plus de 60 ans, « mais je ne suis pas certaine qu’il faudrait la donner à tout le monde, a-t-elle déclaré. Nous avons besoin de plus d’informations. »

La Pr Sophie Lucas, immunologiste et présidente de l’Institut de Duve de l’UCLouvain, confirme l’intérêt des recherches israéliennes : « Ce pays a administré la troisième dose depuis plus longtemps que nous. Et face au variant Omicron, nous sommes tous confrontés à de multiples inconnues. Il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions. Jusqu’à présent, les seuls résultats rapportés concernent des analyses de laboratoire sur le sérum des personnes ayant reçu une quatrième dose. Il faudra encore attendre quelques semaines pour voir si cette dose a un impact sur la protection contre les infections, les hospitalisations ou les décès. Pour nous, la question ne se pose pas, ou pas encore, puisque nous en sommes seulement à la troisième dose. Toutefois, il ne serait pas surprenant qu’on doive à terme administrer un rappel supplémentaire. La question est de savoir : quand ? Mais cela n’a rien de choquant. Il existe déjà des vaccins, comme celui contre la grippe, qu’il faut recevoir chaque année. »

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Le vaccin contre le Covid pourrait-il devenir une sorte de « traitement », l’un des éléments de langage des « antivax » ? Pour l’immunologiste de l’UCLouvain, cette formulation est impropre. « Il y a une différence très claire entre la vaccination prophylactique et le traitement d’une personne infectée. Le vaccin est préventif : il protège contre le risque d’infection ou ses complications. Tandis que le traitement s’applique à une personne déjà infectée. Ce n’est pas la répétitions des injections qui détermine s’il s’agit d’un traitement ou de prévention. »

A terme, le virus qui cause le Covid-19 pourrait devenir saisonnier, associé à la baisse des températures en hiver, qui nécessitera des vaccins adaptés régulièrement, à une fréquence difficile à prédire aujourd’hui. Peut-être annuellement, ou tous les deux ans, voire deux fois par an ? Idéalement, il s’agira de vaccins adaptés non pas à un seul variant, mais à plusieurs. Des vaccins dits « universels » contre les variants sont déjà en cours de développement. On n’en est pas à notre dernier vaccin. » Traduction : les scientifiques ne sont pas des néophytes en matière vaccinale.

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