Dans un hôpital de Wuhan, en Chine, le staff médical traite des patients infectés par le Covid-19. © BELGAIMAGE

Coronavirus: quelle aide pour la Chine ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Empêtrée dans la crise sanitaire, la Chine fait appel à l’aide internationale. Quel rôle pour les ONG dans les efforts destinés à endiguer l’épidémie ?

En dépit des mesures drastiques de confinement de sa population, la Chine n’est pas parvenue à contenir l’épidémie de Covid-19. Cette crise sanitaire à la durée incertaine frappe au coeur de l’empire du Milieu, alors que la révolte prodémocratie à Hong Kong n’était, pour Pékin, qu’une épine dans le pied. L’épidémie met en évidence les failles du système sanitaire chinois et l’opacité du régime. Les critiques ont pointé le retard de réaction des autorités, qui ont d’abord réduit au silence les médecins lanceurs d’alerte. La propagande exalte le patriotisme. La  » guerre populaire  » contre le fléau est déclarée. Les officiels de la province meurtrie, boucs émissaires de la crise, sont déboulonnés et les voix dissidentes muselées.

Mais rien n’y fait : les hôpitaux restent débordés et les cas d’infection se multiplient dans les prisons du pays. Des villes entières mises en quarantaine sont transformées en cités fantômes, où des  » comités de quartier  » hérités de l’ère maoïste contrôlent tout déplacement. La Chine, superpuissance qui se voyait comme le nouveau centre du monde, se retrouve en position de demandeur d’aide internationale, tel un pays en développement. Un revers cinglant pour son président, Xi Jinping, qui a dû remercier publiquement l’Europe et les Etats-Unis pour l’aide médicale envoyée. La nervosité du régime conduit l’Organisation mondiale de la santé à marcher sur des oeufs : l’OMS assure que le gouvernement chinois  » invite des experts internationaux, a partager des séquences (du virus) et continue à oeuvrer avec le monde extérieur « . L’organisation appelle toutefois à des moyens supplémentaires pour combattre le virus.

Quelle place pour les associations humanitaires internationales dans la crise sanitaire en Chine ?  » Les ONG, dont la nôtre, ont surtout fait des dons de matériel médical, explique Brice de le Vingne, directeur opérationnel de la task force mise en place par MSF-Belgique. On ne peut débarquer dans ce pays et commencer à travailler comme on le fait parfois dans d’autres. Il faut y avoir des bureaux, une structure, être enregistré, ce qui n’est pas notre cas. Le poids de la bureaucratie chinoise et l’obstacle de la langue ne facilitent pas non plus l’envoi d’une mission.  »

Pour soutenir les agents de santé de première ligne, MSF-Belgique a fait parvenir en Chine 3,5 tonnes d’équipements de protection médicale, destinés à l’hôpital de Wuhan Jinyintan.  » Nous avons aussi proposé au gouvernement chinois d’envoyer à Wuhan, épicentre de l’épidémie, des unités de soins intensifs et une équipe pour prendre en charge les cas graves, avec déficiences pulmonaires et autres symptômes, soit 15 % des personnes diagnostiquées positives au virus. Nous attendons la réponse des autorités chinoises.  » La Croix-Rouge, de son côté, a acheté 55 ambulances pour le transport des personnes infectées à Wuhan et a installé des tentes devant l’hôpital de la ville. On y fait le screening et le tri des patients qui se présentent avec de la fièvre ou d’autres symptômes.  » C’est la Croix-Rouge chinoise, très indépendante de nos structures, qui est active dans la région, précise Laura Ngô-Fontaine, porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire