Coronavirus

Comment le coronavirus attaque-t-il votre organisme ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Les particules de Covid-19 corrompent et détournent les cellules de leurs fonctions habituelles pour les forcer à produire des copies du virus. L’infection va alors progressivement ramper dans les bronches, jusqu’à endommager les poumons.

Le coronavirus ne cesse de progresser dans le monde. En Belgique par exemple, le Covid-19 a jusqu’à présent infecté 3743 personnes, et fait 88 morts. Mais alors que les gouvernements prennent tour à tour des mesures extraordinaires pour endiguer cette propagation, la confusion demeure : que fait exactement le coronavirus au corps de ses victimes ?

Tout d’abord, rappelons les symptômes : fièvre, fatigue, toux, maux, difficultés respiratoires… Attention cependant à ne pas confondre ces signes avec ceux d’autres maladies, telles que le rhume ou la grippe. Mais comment en arrive-t-on jusque là ? Explications.

Le coronavirus corrompt les cellules

Le Covid-19 est identifiable par cette couronne de petites protéines pointues – dites spicules – qui l’entoure. Une fois que les particules virales pénètrent par la bouche, le nez ou les yeux, elles vont se déplacer vers l’arrière des voies nasales, mais aussi vers les muqueuses situées à l’arrière de la gorge.

Grâce à leurs petites piques, les particules vont s’accrocher aux membranes cellulaires des voies respiratoires, qui produisent une protéine appelée ACE2. Une fois accrochées, elles vont libérer du matériel génétique semblable à l’ADN, appelé ARN, qui va entrer dans la cellule humaine. Ce matériel génétique va alors « détourner » les cellules de leurs fonctions habituelles pour leur donner un nouveau rôle : créer et libérer des millions de copies du virus.

L’infection se propage et provoque des troubles respiratoires

En se multipliant, les copies du virus éclatent et infectent les cellules voisines. Peu à peu, l’infection se propage à l’intérieur des voies respiratoires. « Le virus rampe progressivement dans les bronches« , explique au New York Times le Dr William Schaffner, spécialiste des maladies infectieuses au Vanderbilt University Medical Center de Nashville. Les symptômes commencent souvent à l’arrière de la gorge avec un mal de gorge et une toux sèche.

Une fois que le virus atteint les poumons, la situation peut rapidement basculer : les muqueuses s’enflamment, les alvéoles pulmonaires sont alors endommagées. Résultat, elles doivent travailler davantage afin d’approvisionner le sang en oxygène et éliminer le dioxyde de carbone.

Dans les cas les plus graves, les alvéoles peuvent même gonfler et empêcher la bonne circulation de l’oxygène. À cause de ce plus faible débit en oxygène, certaines zones des poumons se remplissent de liquide, de pus et de cellules mortes. Cela rend la respiration plus difficile – d’où la nécessité de mettre les patients sous ventilation. Cette obstruction des voies respiratoires peut être si importante qu’elle provoque alors une détresse respiratoire aiguë, parfois mortelle.

Comment notre corps réagit-il ?

Le corps, de son côté, tente de réagir. Le système immunitaire se bat, entraînant de la fièvre et des symptômes comparables à ceux de la grippe. Chez de nombreux patients, on remarque pourtant que le virus n’évolue pas vers cette forme sévère d’infection. Le premier cas belge n’a d’ailleurs souffert d’aucune complication et a pu rapidement sortir de l’hôpital, sans recevoir de traitement spécifique au coronavirus. Est-ce dû à une réponse immunitaire plus forte de son organisme ?

Des chercheurs australiens se sont intéressés à cette forme plus « légère » du Covid-19. Ils ont étudié les paramètres de la réponse immunitaire chez une patiente de 47 ans, originaire de Wuhan. « La patiente est restée à l’hôpital durant onze jours durant lesquels elle n’a souffert d’aucune complication et n’a reçu aucun traitement. Ses symptômes ont disparu treize jours après leur apparition« , expliquent-ils dans leur étude.

Les chercheurs ont dans un premier temps étudié le type de cellule immunitaire activée par la présence du coronavirus. Ils ont observé un pic d’apparition de plasmocytes. Ces cellules sont des lymphocytes B matures capables de produire des anticorps spécifiques, c’est-à-dire des protéines pouvant neutraliser les virus.

Les scientifiques ont relevé la présence de deux familles d’anticorps :

  • les IgG : elles sont fabriquées lors d’un contact avec un antigène (NDLR : corps étranger). Elles protègent l’organisme contre les bactéries, les virus, et les toxines qui circulent dans le sang.
  • les IgM : ce sont des immunoglobulines sécrétées lors du premier contact de l’organisme avec un antigène. La présence d’IgM dans le sang indique une infection en cours.

Selon leurs résultats, les IgG spécifiques au virus sont présentes au premier jour de leur test (jour 7 de l’infection) et perdurent jusqu’à 20 jours après l’infection. Les IgM ne semblaient, quant à elles, apparaître qu’à partir de neuvième jour après l’infection et perdurent aussi jusqu’au vingtième jour post-infection.

Il faut savoir qu’il existe deux types de réponses immunitaires :

  • la réponse immunitaire innée, qui est immédiate
  • la réponse immunitaire adaptative, qui est tardive.

D’après les chercheurs, les cellules qui entrent en jeu dans le cadre d’une infection au Covid-19 appartiennent à la réponse immunitaire adaptative, et donc tardive. Les cellules de l’immunité immédiate ne sont pratiquement pas mises à contribution pour lutter contre le virus. Si le cas de cette patiente ne suffit pas à résumer toutes les subtilités de la réponse immunitaire induite par le coronavirus, il permet néanmoins de se faire une première idée de la réaction de notre organisme face au virus. De quoi faire avancer lentement, mais sûrement, la recherche.

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