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Lou Doillon : « Faire la cuisine, c’est aimer les autres »

Lou Doillon, 36 ans, chanteuse et comédienne. Vient de sortir son troisième album, Soliloquy (Universal Music). En concert, le 29 avril, aux Nuits Botanique, à Bruxelles.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Cela peut être un sourire, un élan vers l’autre ou s’abandonner.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

J’aime prendre mon temps en faisant des détours, en m’extrayant de mon environnement. Je me réserve d’ailleurs souvent une heure pour déjeuner toute seule : je regarde alors les gens et le monde qui m’entourent, parfois je lis aussi. Ce moment de solitude, c’est une manière de me retrouver, avant de revenir aux autres ensuite.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Je cuisine beaucoup : c’est la manière la plus simple que j’ai trouvée pour aimer les autres. Pour moi, c’est une fête. Je dresse la table bien à l’avance, je prends mon temps pour préparer le repas… Je pense qu’il est très difficile de tricher avec la cuisine tant les aliments et les plats que l’on sert sont teintés de nos pensées.

Et pour la société ?

Je fais ce que je peux, et j’incite mes proches à faire de même. J’essaie aussi d’élever mon enfant comme un être responsable et indépendant, en lui inculquant que les gouvernements ne sont pas responsables de tout ce qui nous arrive et que c’est à nous de nous prendre en main. J’essaie de faire comprendre autour de moi que nous sommes actionnaires du monde qui nous entoure, qu’il faut se prémunir de tout gâcher. Recycler, aimer l’usagé plutôt que le neuf, sans pourtant devenir moraliste ou juger les autres. Rester unis malgré nos différences.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

Je leur souris. Que faire de plus ?

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

J’aime profondément la nature humaine et je n’ai pas besoin de me réconcilier avec elle. Pour moi, chaque qualité est le revers d’un défaut. Dès lors, chaque crevasse ou sillon de l’autre me plaît et m’amuse. Cependant, le rapport au temps est l’une des choses qui me travaille le plus et cette phrase du poète et écrivain Delmore Schwartz que je lisais récemment m’a beaucoup plu :  » Time is the school in which we learn, time is the fire in which we burn.  » (Le temps est l’école où nous apprenons, le temps est le feu dans lequel nous brûlons.)

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fière ?

Je suis fière d’avoir appris à  » m’appartenir « .

Quel geste avez-vous regretté de ne pas avoir posé ?

J’espère et cherche à ne rien regretter, j’apprends un peu plus tous les jours.

Qui vous inspire ?

Les personnes qui regardent loin sont toujours les plus intéressantes. Je pense plus particulièrement à des auteurs, des professeurs, des philosophes ou des enfants… Car être à la recherche de quelque chose, c’est aussi se remettre en question et, finalement, cela revient à questionner le tout.

Selon vous, le monde irait mieux si…

Si on aimait un peu plus, si on se responsabilisait un peu plus aussi. La tristesse, c’est que beaucoup de choses nous échappent et qu’en prenant des décisions, nous prenons aussi toujours un risque. Mais le risque fait partie de la vie, d’une certaine manière, il fait le lien entre notre personne et ce qui nous entoure.

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