Willy Demeyer, le patient joueur d’échecs

Homme de réseaux incontesté, Willy Demeyer cultive les amitiés colorées. Si certains fustigent sa lenteur, le bourgmestre préfère jouer sur le long terme…

Ce fut une affiliation contestataire. Une carte du parti socialiste prise lors de ses études de droit à l’ULg,  » en réaction à l’ère Martens-Gol « . Willy Demeyer s’est ensuite inscrit au barreau de Liège, a failli devenir journaliste, puis a pris goût à la politique. Il devint bourgmestre en 1999 suite à la démission de Jean-Maurice Dehousse. Sans passer par la case élections. Qu’importe : les Liégeois, depuis, n’ont cessé de le plébisciter. 13 067 voix de préférence lors du scrutin d’octobre 2012. Les mauvaises langues souligneront que cela en fait tout de même près de 6 000 de moins que six ans plus tôt, lorsque le match électoral l’opposait au libéral Didier Reynders…

Le Grivegnétois reste hautement populaire.  » Il faut le voir traverser la Batte un dimanche matin. Il lui faut 2 heures ! s’exclame Bénédicte Heindrichs, chef de file de l’opposition Ecolo. Willy est un homme politique comme il y en a peu, extrêmement empathique.  » Alliés et opposants ne peuvent s’empêcher de souligner ses qualités humaines.  » C’est une personne sympathique et agréable « , concède Raoul Hedebouw, conseiller communal PTB.  » Il entretient de bonnes relations avec tout le monde, ajoute Christine Defraigne, leader libérale à la Ville. Il a des airs de nounours. Mais attention : il peut se transformer en grizzli.  »

Bénédicte Heindrichs use elle aussi de la métaphore animale.  » Il est comme un chat sur sa branche. Il sait se faire oublier quand c’est nécessaire, puis bondit lorsque l’occasion se présente. Comme ce n’est pas un tueur, il ne suscite pas de haines corses. C’est un fleuve tranquille.  » Trop tranquille ? Certains lui reprochent son attentisme, voire son immobilisme.  » On a dû vous le dire, que j’étais un lent ! s’amuse-t-il. En réalité, je suis un joueur d’échecs à parties multiples. Les stratégies ne sont pas toujours visibles…  »

Or l’homme aime les stratégies globales. Comme la supracommunalité, son grand créneau.  » Les problèmes de sécurité lui tiennent aussi à coeur. Il entend continuer à pacifier les espaces publics « , précise Michel Firket, premier échevin CDH. Pour Jean-Pierre Hupkens, échevin socialiste de la Culture, Willy Demeyer restera  » l’homme qui a assuré le redémarrage de Liège « .

Même si certains partis préfèreraient maintenant qu’il passe à la vitesse supérieure.  » J’aurais voulu qu’il sorte des sentiers battus « , lâche Raoul Hedebouw.  » Un bourgmestre ne doit pas juste être un bon gestionnaire. Je lui demande se de mettre en danger « , tempête François Schreuer, conseille Vega (Verts et à gauche). Face à la critique, le maïeur ne se départit pas de son flegme.  » On ne peut pas tout faire d’un seul coup. Tous les grands projets prennent du temps. Et c’est un lent qui vous le dit !  »

UN DOSSIER COORDONNÉ PAR PHILIPPE BERKENBAUM, AVEC ANNABELLE DUAUT, MÉLANIE GEELKENS, BENOÎT JULY ET FRÉDÉRIQUE MASQUELIER; MÉLANIE GEELKENS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire