THÉATRE

Low nous plonge dans la spirale infernale de la délinquance et pose la question de la responsabilité. Un spectacle sans oeillères

C’est l’histoire d’une banale descente aux enfers. Emma et Jay sont paumés, sans repères, « accros » l’un à l’autre et à l’alcool. Ils ont perdu le sens de l’avenir. Ils rêvent, au présent, d’un ailleurs, différent, plus beau, plus doux. Le monde « normal ». Mais ils n’y ont pas accès. Alors, ils décident de prendre ce qui leur est dû. Avec une sauvagerie revancharde. « Dépêche-toi! Aboule le fric! » Ils braquent des épiceries et des nightshops pour s’acheter des fringues et se payer de bons restos. Et ils finissent par tuer, attirés par le goût du sang. Ils grimpent les échelons de la violence, à défaut de ceux de la société. Le cercle vicieux. L’engrenage de la délinquance qui débouche sur le meurtre et, aussi, sur un suicide inconscient. Jay est finalement abattu par un commerçant qu’il braque…

Qui est responsable? C’est la question que pose, entre les lignes, la pièce Low, de Daniel Keene. L’auteur australien ne tire aucune conclusion, ne choisit pas son camp, ne juge personne. Il tente juste de comprendre ce qui se passe dans la tête de ces gamins qui, un jour, s’emparent d’une lame ou d’un flingue pour faire un casse, de ces ados déjà blasés, fanés par la vie qui ne leur a laissé que très peu de chance de s’en sortir. Qui est responsable? Qui est le bras armé de cette criminalité juvénile? Quel parent, quel professeur, quel politique, quel magistrat sommes-nous? Les gosses qui se trouvent derrière les barreaux, avec du sang sur les mains, attendent une réponse. La population carcérale est de plus en plus jeune, chaque année…

Le comédien Mouss, qui signe ici sa deuxième mise en scène, a conçu la pièce comme une fiction de cinéma, avec bruitage, musique, éclairages élaborés et même un générique de fin. Un choix déroutant, mais original, qui ne facilite pas le jeu des acteurs. La pièce manque, par moment, d’intensité. Sarah Antoine et Laurent Chauvet s’en tirent, cependant, très bien, au point qu’on se pique d’une étrange tendresse pour leurs personnages à vif. Et si Emma et Jay étaient nos propres enfants?

Bruxelles, Théâtre de Poche, jusqu’au 24 mars. Tél.: 02-649 17 27.

A voir, également, sur place, la rétro photos de 50 ans de joyeuse provoc d’un théâtre pas comme les autres.

Thierry Denoël

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